« Satisfaire le besoin de divertir est important »

Espaceinfirmier.fr: Vous venez de publier la 2e édition de votre livre. La première édition a connu un vrai succès, avec près de 10.000 exemplaires vendus : comment l’expliquez-vous?

Stella et Jacques Choque: Nous pensons qu’il s’agit de la synergie de deux phénomènes :
- Le développement du concept de bientraitance au sein des institutions, qui a permis une large prise de conscience de la part des équipes quant à la nécessité de s’adapter aux besoins des personnes âgées, notamment celui de se distraire ;
- La loi du 2 janvier 2002 rénovant l’action sociale et médico-sociale et la lLoi du 11 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances. Ces lois définissent les droits des usagers en termes de liberté et d’autonomie et obligent les institutions à offrir des prestations leur permettant de préserver leur autonomie et leur bien-être.

Vous écrivez dans le livre qu’accompagner le bien vieillir, c’est respecter les besoins fondamentaux de toute personne : quels sont ces besoins et comment les professionnels doivent-ils les intégrer à leurs pratiques ?

Nous avons choisi le cadre conceptuel des 14 besoins fondamentaux selon Virginia Henderson car ils ont l’avantage de privilégier une approche holistique… Aucune animation ne peut être mise en place sans approche globale de la personne. Le projet d’accompagnement personnalisé doit inclure le projet d’animation au même titre que le projet de soins et le projet de vie.
Les professionnels doivent travailler en équipe pluridisciplinaire et ne pas établir de hiérarchie dans la satisfaction des besoins… Satisfaire le besoin de se divertir, d’apprendre, de s’occuper en vue de se réaliser est aussi important que de satisfaire le besoin de respirer ou d’éliminer.

Les animations que vous proposez ne sont pas que physiques, vous insistez aussi sur l’importance des ateliers culinaires, des activités de jardin, voire esthétiques. Pourquoi ?

Il est important de considérer les institutions qui accueillent les personnes âgées comme des lieux de vie et donc il est logique de leur proposer des animations qui leur permettent de rester en phase avec la vie quotidienne et tout ce qui se passe à l’extérieur. La recherche de plaisir est aussi un critère à retenir, la stimulation sensorielle permet de prendre du plaisir mais aussi de prévenir les épisodes dépressifs, de favoriser les relations sociales et la stimulation des facultés cognitives.

En quelques mots, quels sont les principaux conseils que vous donneriez aux animateurs et personnels intervenant auprès des personnes âgées ?

Être à l’écoute, savoir observer et ne pas avoir peur de se remettre en question et de bousculer les théories apprises. Et surtout prendre aussi du plaisir à travers la mise en place d’animations…

Propos recueillis par Emmanuelle Lionnet

Animation des personnes âgées, Éditions Lamarre, mars 2016, 22,50 euros