Pascale Wanquet-Thibault, cadre supérieure de santé
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À l’occasion du congrès de la Société française d'étude et de traitement de la douleur (SFETD), les éditions Lamarre ont publié La douleur, de la formation à la clinique infirmière. Rencontre avec la coordinatrice du projet, Pascale Wanquet-Thibault.
Espaceinfirmier.fr : Vous venez de coordonner un ouvrage sur l’apprentissage du raisonnement clinique infirmier en douleur. Quelle est la genèse de ce projet publié en collaboration avec la SFETD ?
Pascale Wanquet-Thibault : Ce projet a débuté par le questionnement des infirmières ressource douleur sur l’évolution de leur rôle dans l’encadrement et la formation des étudiants en soins infirmiers lors de la mise en place du programme de formation en septembre 2009. Initialement, les travaux de ce groupe devaient être diffusés uniquement au sein de la SFETD. L’idée d’une publication plus large est venue ultérieurement compte tenu de la richesse de la réflexion qui a été menée.
Vous insistez sur l’importance de former les infirmiers dès leur entrée en Ifsi. Il reste donc beaucoup à faire en la matière ?
En réalité, quand on analyse le programme de formation avant 2009 et le programme actuel concernant l’enseignement du symptôme douleur, nous constatons que les intitulés n’ont pas évolué, que la transversalité du symptôme – très présent dans toutes les problématiques de santé – n’a pas été prise en considération. De ce fait, les enseignements peuvent varier de façon considérable d’un Ifsi à un autre et d'un stage à un autre.
Quelle est la spécificité de l’expertise infirmière en douleur ?
L’IDE est le soignant qui devrait avoir un regard global sur tous les aspects de la douleur du patient : de l’évaluation ponctuelle, à la vérification de l’efficacité du traitement, en passant par les possibilités de réponses thérapeutiques non médicamenteuses et bien entendu l’application des prescriptions médicales. Sa capacité de raisonnement complet concernant ce phénomène complexe contribue de façon unique à la qualité de l’offre de soins qui peut être apportée au malade.
Vous dirigez une collection qui compte de plus en plus d’ouvrages sur la douleur. Cette question est-elle plus que jamais un enjeu de santé publique ?
En médecine de ville, la plainte douloureuse concerne 70 % des patients ; à l’hôpital, selon les secteurs, les douleurs liées aux soins concernent entre 10 % et plus de 50 % des patients. Partout, l’insuffisance de prévention des douleurs aiguës fait le lit des douleurs chroniques. Phénomène complexe, la douleur a également des conséquences – souvent négligées parce que méconnues – sur les capacités d’amélioration, et a contrario sur les risques d’aggravation, des malades, comme sur leur travail, leurs relations familiales ou sociales. Bien que des progrès considérables aient été faits, il reste beaucoup à faire, à comprendre et à découvrir pour une prévention et une prise en charge thérapeutique optimale. Ce qui implique que les professionnels de santé soient formés et informés au fur et à mesure de l’évolution des recherches.
Propos recueillis par Emmanuelle Lionnet