© D. R.
Face au peu de reconnaissance et de visibilité des infirmières de coordination, la Fédération française des infirmières coordinatrices (Ffidec) a prévu, pour 2019, une série de rencontres régionales pour porter leur voix, qui peine à se faire entendre des pouvoirs publics.
Le 19 octobre dernier, à Lyon, la Fédération française des infirmières coordinatrices (Ffidec) clôturait sa deuxième journée régionale. Comme celle de Nantes, en juin dernier, elle a réuni une centaine d'infirmières coordinatrices (Idec), indique Blandine Delfosse, la présidente de la fédération. Ces rencontrent marquent un tournant dans la stratégie de l'organisation qui, face à la non-prise en compte générale de l’importance de ce mode d'exercice, souhaite rendre plus visibles ces infirmières.
Lorsque l'association a été créée en 2016, « nous voulions faire reconnaître nos missions, notre statut et une formation spécifique, afin de sécuriser la pratique des Idec, explique Blandine Delfosse. Mais trois ans plus tard, le bilan est assez mitigé. » Ces sujets ont pourtant été évoqués lorsqu’elle a été reçue par les autorités de tutelle, au ministère de la Santé et par plusieurs agences régionales de santé (ARS)… ou lors du groupe de travail sur les missions des médecins coordonnateurs à la Direction régionale de la cohésion sociale en juin dernier. Le “cas” des Idec devait être examiné par la suite, indique-t-elle, mais ça n'a pas été le cas.
Pourtant, « tout le monde reconnaît que l'Idec est un pilier essentiel en Ehpad et dans les autres structures où elle exerce, comme les SSIAD ou les services d’HAD », observe Blandine Delfosse. Des associations de médecins coordinateurs le lui ont également confirmé, poursuit-elle. Et si les fédérations de directeurs ne se sont pas prononcées sur la question de la reconnaissance des infirmières coordinatrices, les Idec sont, après le directeur, « le deuxième manager d'une résidence », souligne-t-elle, ajoutant que certains directeurs de maisons de retraite préfèrent ne pas partir en vacances en même temps que l'infirmière coordinatrice...
Les Idec gèrent l’équipe – souvent importante – qui prend soin des résidents. Elles ont ainsi des responsabilités en termes de management des ressources humaines, des ressources matérielles, du budget, des relations avec les familles, de l'élaboration du projet d'établissement, de la qualité des soins... Et ce, sans qu'aucun référentiel encadre ces missions ni qu'aucune formation les y prépare (outre le DU de l'université Paris-Descartes). Certaines Idec ne sont même pas cadres, ajoute la présidente de la Ffidec. En outre, les glissements de tâches sont fréquents, tant sur le plan administratif ou médical. En plus d’accroître la charge de travail des Idec, ceux-ci comportent des risques pour la sécurité des résidents comme des infirmières elles-mêmes... L'épuisement professionnel n'est pas rare et la profession souffre d'un très fort turn-over, estime Blandine Delfosse, signe de l'absence de définition d'un cadre professionnel clair et d'un important malaise.
Et pourtant, déplore-t-elle, « personne ne veut statuer (…). Il y a des freins mais on ne les connaît pas. » Certes, les travaux sur les infirmières de pratique avancée « ont beaucoup occupé le terrain, et à juste titre », estime l'Idec. Tout au plus, la Ffidec devait-elle participer au groupe de travail « métiers » dans le cadre de la concertation « Grand âge », auquel elle n'était pas invitée au départ. S’il semble qu’il n’y ait pas, pour l’heure, de réelle volonté d’encadrer la profession, Blandine Delfosse espère que les rencontres régionales contribueront à asseoir la légitimité des infirmières de coordination. Un « tour de France en cinq ou six dates » aura donc lieu en 2019. Objectifs : aller à la rencontre des Idec, et les amener à travailler sur les contours de leurs missions, mais aussi sur celles qu'elles doivent approfondir, comme les ressources humaines.
Géraldine Langlois