Interview d'Annie Duboc

Vous venez de publier un ouvrage d’anatomie pour les étudiants, dont la forme est différente des autres ouvrages existants. Comment avez-vous conçu votre ouvrage ? 

L’idée fondatrice de l’ouvrage est que l’action du sujet est indispensable à l’apprentissage. Ce concept d’activité 
est fondamental car c’est par l’intermédiaire des actions exercées sur l’objet anatomie-physiologie que l’étudiant construit ses connaissances. Pour ce faire, le savoir du livre est un substrat centré sur l’essentiel.

Un savoir explicité, questionné, illustré, renseigné, disposé en lignes et colonnes
d’une manière claire et ordonnée pour faciliter la consultation, dirige ses processus d’attention et d’apprentissage sur l’objet construisant ainsi ses représentations.

La diversité des exercices contenus dans mon livre positionne l’étudiant comme
acteur de son apprentissage. Les réponses qu’il apporte aux contenus textuels,
l’observation topographique, la remémoration de l’ordonnance anatomique, la structuration de données dissociées, la légende de figures ou de processus construisent son savoir pour mieux les fixer dans sa mémoire à long terme.

Vous avez notamment intégré une partie sur le « holisme » : qu’est-ce qu'une approche holistique de l’étude du corps humain ?

Le programme conduisant au diplôme d’Etat d’infirmière introduit l’étude des besoins de l’homme sain dès 1980. Cette manière de considérer l’homme dans la maladie plutôt que la maladie de l’homme me fait découvrir l’holisme. Des années plus tard, mon objet de thèse : la santé perçue des femmes dès l’annonce de leur cancer du sein enrichira ma vision holistique.

Avoir une approche holistique, c’est avoir une vision intégrée de la complexité.
Corps et santé perçue ne font qu’un et nous représente, nous humain.

Le corps – que ce soit pour atteindre l’objectif du système auquel elles appartiennent, les cellules, en relation entre elles et avec leurs congénères, sont informées en permanence par un centre régulateur qui, une fois après évalué l’écart entre l’objectif visé et le résultat obtenu, envoie des informations correctrices aux pools cellulaires.
L’approche holistique offre une vision intégrée de ces échanges d’informations à l’origine du maintien de la santé. C’est cette merveille que j’ai souhaité expliciter dans la partie holiste de cet ouvrage.

La santé perçue est explicitée dans mon livre paru en 2015 aux éditions de Boek-Estem, Les femmes répondent au cancer du sein : gérer, refuser ou se libérer.

Vous avez été formatrice et avez dirigé un institut de formation. Quels conseils donneriez-vous à un étudiant pour appréhender sans crainte l’apprentissage de l’anatomie et de la physiologie ?

L’anatomie et la physiologie sont des matières universelles puisque nous avons tous un corps. En tant qu’autodidacte, je me permettrais deux conseils. Tout d'abord, la patience, parce l’apprentissage de cette matière se fait par strates de complexité. Elle est consommatrice de temps. Un dicton dit qu’il faut l’oublier 7 fois avant de la mémoriser ! Et ensuite, l’action. Comme je vous le disais plus tôt, il faut prendre les moyens d’apprentissage qui nous conviennent le mieux :
• La vue si vous êtes visuel. Prenez des photos avec votre portable et regardez-les à loisir de façon à mémoriser des connaissances rebelles.
• Le dessin si vous êtes manuel afin de prendre conscience de vos compréhensions ou incompréhensions anatomiques.
• L’enregistrement de vos réponses aux questions que vous vous posez. Réécoutez-les aussi souvent que possible. Faites de même avec vos erreurs redondantes.
• Posez-vous des colles, fouillez votre mémoire, répondez et recommencez jusqu’à ce que la bonne réponse émerge naturellement.
En un mot, soyez acteur de votre apprentissage ! Bon courage et excellente réussite.

Propos recueillis par Emmanuelle Lionnet