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D’après le baromètre sur le moral des professionnels de santé et des étudiants en santé, publié par 360 Medics le 29 novembre, 100 % des 4 700 infirmières interrogées ressentent un épuisement physique ou moral. Mais également un manque de reconnaissance.
« Le bien-être des soignants est essentiel à la qualité des soins. Dans un contexte de multiplication des appels au secours de leur part, souvent sans réponse, nous avons voulu leur prêter un porte-voix. Car on ne peut améliorer que ce qu’on quantifie », assure Grégoire Pigné, oncologue-radiothérapeute et cofondateur de la plateforme de soins 360 Medics. C’est pourquoi la start-up, qui édite une application destinée à booster la performance des professionnels de santé, a décidé de lancer auprès de ses 130 000 utilisateurs une grande enquête (1) sur le thème « Et vous, qui prend soin de vous ? » Les résultats recueillis auprès de plus de 8 000 répondants, dont 59 % d’infirmières, lui ont permis d’élaborer un baromètre du moral des professionnels de santé et des étudiants en santé, publié le 29 novembre.
Constat : « Les soignants sont en réelle souffrance », déplore Grégoire Pigné. En effet, quand on leur demande d’évaluer leur moral sur une échelle allant de 0 à 100, la moyenne des professionnels de santé atteint péniblement 41 (43,2 pour les étudiants). Après les médecins, la profession infirmière est la plus déprimée, avec 39,55/100, tandis que les masseurs-kinésithérapeutes – ceux qui s’en sortent le mieux – flirtent à peine avec la moyenne (48,58/100).
Dans le détail, suite aux neuf questions posées aux soignants(2), les résultats sont encore plus alarmants : seules 16 % des infirmières interrogées trouvent leurs conditions de travail actuelles satisfaisantes ou très satisfaisantes, et 98 % d’entre elles estiment que leur travail n’est pas reconnu à sa juste valeur. Pire, 93 % affirment avoir déjà fait face à un comportement violent de la part d’un patient et 100 % déclarent ressentir un épuisement moral ou physique – 66 % l’un et l’autre.
Près de la moitié (47 %) des soignantes disent même avoir déjà souffert de dépression liée au travail. Et cela sans avoir une longue carrière derrière elles… « Les jeunes professionnels de santé sont particulièrement nombreux à avoir répondu à notre enquête, souligne Grégoire Pigné. Cela n’incite pas à considérer l’avenir avec un regard serein et cela présage des difficultés pour le système de santé. » Seule lueur d’espoir : 79 % des infirmières déclarent toujours aimer leur métier, dont 16 % « d’un amour inconditionnel »…
Hélène Colau
1. Réalisée du 28 septembre au 6 novembre 2017, l’enquête a analysé 8 789 réponses d’utilisateurs ayant intégralement complété le questionnaire.
2. Aimez-vous votre métier ?, Que pensez-vous de vos conditions de travail actuelles ? Estimez-vous votre travail reconnu à sa juste valeur ? Avez-vous déjà fait face à un comportement violent de la part d'un patient ? Votre rythme de travail a-t-il des répercussions sur votre vie sociale, votre vie familiale, vos performances professionnelles, tout va bien ?, Ressentez-vous un épuisement moral, physique, les deux ? Quelles sont les raisons de cet épuisement ?, Souffrez-vous ou avez-vous déjà souffert de dépression (burn-out) liée à votre travail ?, Pensez-vous que la société est consciente de vos difficultés actuelles ?
Le dossier « Soigner les soignants » de L'Infirmière magazine.
L'étude inédite sur le burn-out des infirmières libérales, réalisée par L'Infirmière libérale magazine.