Du 18 mars au 3 avril, les 134 482 infirmières inscrites au tableau et à jour de leur cotisation étaient appelées à élire les conseillers départementaux de l’ordre national des infirmiers (ONI). Moins d'une soignante sur quatre a voté.
« Cette élection va permettre à l’Ordre d’installer des conseils départementaux pour répondre aux attentes des infirmiers sur les territoires », s’est félicité l’instance nationale dans un communiqué, publié le 7 avril. Sur les 29 439 votantes, 17 245 sont des infirmières libérales, 4 906 des infirmières du secteur privé et 7 288 des infirmières du secteur public. Quant au millier de candidats qui briguaient les suffrages, 831 ont été élus, suppléants inclus. Toutefois, certains départements, tels l’Ain et le Territoire de Belfort, n’ont, faute de candidat, aucun élu. D’autres, comme la Nièvre, la Meuse ou encore la Guyanne n’en n’ont qu’un seul.
"Nous n'aurons pas de territoires vierges"
Une situation qui risque de perturber, voire de bloquer, le fonctionnement normal de ces instances. L’ordre infirmier a indiqué qu’il organiserait un « deuxième tour » sous la forme d’élections complémentaires. Les modalités de ce nouveau scrutin ne sont pas encore précisées. « Nous n’aurons pas de territoires vierges », assure Olivier Drigny, vice-président de conseil national. Si la pénurie de candidat persistait, l’ONI pourrait envisager une représentation interdépartementale. Les élus d’un département seraient alors appelés à diriger un autre département de leur région. Les ARS pourraient aussi désigner des représentants proposés par l’Ordre.
Quoi qu’il en soit, Olivier Drigny estime que le taux de participation, 21,9 %, « est une prouesse » au regard de celui d’élections récentes, comme les municipales, et dans un contexte où l’Ordre est victime « d’une communication négative, notamment de la part du ministère de la Santé. En toute logique, on pouvait s’attendre à un score nettement moins bon », constate-t-il. En 2008, 68 000 infirmières, sur les quelques 590 000 membres que comptait la profession, avaient participé aux premières élections des représentants départementaux. A l’époque, la seule condition d’accès au vote était d’être infirmière en exercice.
78 % d’abstention
Du côté des opposants à l’ordre, on ne cache pas une réelle satisfaction. « Didier Borniche [NDLR, président du conseil national de l’ordre des infirmiers] se glorifie du résultat de cette élection, nous n’avons décidément pas la même lecture et appréciation des chiffres. Qui y a-t-il de glorieux, en effet, à enregistrer une abstention de plus de 78 % au sein de sa propre organisation ? Et si l’on rapporte le nombre de votantes à l’ensemble des infirmières en exercice, on atteint à peine les 6 %, ce qui, une fois de plus, met en lumière le rejet de cette instance par la très grande majorité de la profession. D’ailleurs, plus de 450 000 infirmières font toujours œuvrent de résistante et refusent d’y adhérer », déclare Hugues Dechilly, secrétaire général de Résilience qui, comme l’intersyndicale anti-Ordre (1), appelait les infirmières à boycotter cette élection; tous réclament toujours son abrogation. En attendant, et comme prévu, les élections régionales se dérouleront en juin prochain. Cette fois, seuls les conseillers départementaux fraichement élus voteront.
Françoise Vlaemÿnck
1- CFDT Santé Sociaux, la CGT Santé Action Sociale, la CFTC Santé Sociaux, FO Santé Sociaux, le SNICS FSU, Sud Santé Sociaux et l'Unsa Santé Sociaux.
Consultez les résultats sur le site de l'Ordre.