Le ministère français de la Santé et les ordres professionnels de France et du Québec viennent de signer un avenant à l’accord de 2010, supprimant l’obligation d’effectuer un stage avant embauche. De quoi faciliter leur venue dans l'Hexagone.
Depuis 2010, et la mise en place d’un arrangement de reconnaissance mutuelle entre la France et le Québec, seules 14 infirmières québécoises ont traversé l’Atlantique, alors que les Françaises sont 1 200 à s'être expatriées dans la Belle province. Principal frein à leur venue : ce stage de 75 jours à effectuer dans un établissement de santé.
"Un parcours du combattant"
“C’était un parcours du combattant pour les Québécoises, commente Kine Veyer, présidente de la commission des affaires internationales au sein de l’ordre national des infirmiers en France. Certaines perdaient un an à trouver un stage rémunéré et finissaient par accepter de ne pas être payées. Elles ont pourtant toutes un baccalauréat [l’équivalent de la licence en France, NDLR] en sciences infirmières et pour certaines, dix ans d’expérience. On ne peut donc que se réjouir de la suppression de ce stage, d’autant qu’il n’est pas exigé pour les infirmières venant de l’Union européenne, alors que certaines ont de grande difficulté avec la langue ou avec les poids et les mesures.”
L’ordre infirmier français met, ainsi, un point d’honneur à faciliter la mobilité internationale, afin de favoriser l’échange de compétences et l’enrichissement mutuel. “Les infirmières québécoises ont un profil très intéressant, confirme Kine Veyer, avec un exercice pluri-professionnel et une prise en charge globale des patients et de leur famille. C’est un plus pour nous et pour les patients.”
Pour l’heure, le pays accueille principalement des infirmières roumaines, portugaises et espagnoles, mais elles seront peut-être bientôt dépassées par les Québécoises. Pour l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec, difficile de donner une estimation, mais la signature de cet avenant va sans aucun doute “aplanir certaines difficultés”, commente sa secrétaire générale, Carole Mercier.
"Période d'intégration"
Et si le stage est supprimé pour les infirmières québécoises, il reste d’actualité pour les infirmières françaises. “Il est important pour nous de conserver cette période d’intégration, explique Mme Mercier. Ici, il est très facile de trouver un stage et les programmes sont structurés pour accueillir les infirmières.” Si bien qu’au bout de cinq ans, 60% des infirmières françaises ont fait le choix de rester sur place. “Et ce ne sont pas nos hivers, en particulier celui qui vient de s’achever, qui les poussent à s’installer ici !”
Concepcion Alvarez