Loi de santé
En l’espace de 15 jours, 42 syndicats de professionnels de santé et organisations étudiantes se sont réunis sous la bannière du « Mouvement pour la santé de tous ». Leur cible ? Le projet de loi Santé, dont ils demandent le retrait pur et simple.
Infirmières (FNI, Onsil, Convergence Infirmière), médecins, chirurgiens-dentistes, orthophonistes, masseurs-kinésithérapeutes, opticiens, ostéopathes et bien d’autres encore ont décidé de faire front commun contre le projet de loi de santé. « Nous formons une unité syndicale pour défendre le système de santé cher aux Français », lance Éric Henry, président du Syndicat des médecins libéraux.
Changer la loi par amendements ? « Une pure utopie »
Et pour eux, la bataille ne consiste pas à réécrire la loi mais à la retirer. Une demande officialisée dans un courrier au Premier ministre. Car « penser que la loi va pouvoir être changée par amendements est une pure utopie compte tenu de ce qui s’est passé pour la loi Macron » (1), estime Catherine Mojaïsky, présidente de la Confédération nationale des syndicats dentaires (CNSD).
Le Mouvement interpelle sur « l’absence de vision stratégique de la loi Touraine, la destruction d’un modèle adapté à tous, l’inégalité du traitement public-privé, l’absence de vision interprofessionnelle et la mise en place d’un tiers-payant d’autorité et de droit qui signe la perte d’indépendance professionnelle ». Il souhaite ainsi « la construction d’un projet national de santé dans lequel notre expertise et nos propositions seront entendues et pour améliorer la qualité, la continuité et la coordination des soins de tous, dans un cadre conventionnel renforcé et non dans un cadre législatif », a précisé le Dr Henry.
Une tentative de division
Philippe Tisserand, président de la Fédération nationale des infirmiers, a, pour sa part, dénoncé « l’irrespect et le mépris affichés de la ministre envers les professions non médicales », qui n’ont pas été conviées à la concertation. Une décision analysée comme une tentative de diviser les professionnels du secteur de la santé. Et d’ajouter : « Nous refusons d’être intégrés malgré nous dans un modèle unique d’équipes constituées et organisées en maisons de santé pluriprofessionnelles ou en équipes territoriales administrées. » Un système préfigurant, selon lui, un modèle économique à capitation qui conduirait inexorablement au salariat des auxiliaires médicaux par les médecins.
Le Mouvement pour la santé de tous ne sait pas encore quelle va être son évolution, mais il ne revendique aucune représentativité et se présente avant tout comme une « formation de combat », car à 42 « on est plus forts, plus visibles, et plus puissants », a conclu le Dr Henry. Le baptême du feu aura lieu dimanche 15 mars, lors d’une manifestation nationale à Paris.
Laure Martin
1- Catherine Mojaïski fait référence à l’utilisation, par le Premier ministre le 17 février, de l’article 49-3 de la Constitution pour faire passer la loi Macron.