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ÉTUDE
Envie de grogner sur les collègues ? La santé des patients pourrait en pâtir.
Râler un bon coup pour faire accélérer les choses, « souffler dans les bronches » de ses collègues en espérant qu'ils soient plus efficaces... La méthode est classique, mais infructueuse. C'est ce que montrent les résultats d'une étude israélo-américaine publiée dans Pediatrics et menée sur 24 équipes de réanimation néonatale cobayes. Les équipes, formées d'un médecin et de deux infirmières, se sont soumises à un exercice dans lequel elles devaient prendre en charge un nouveau-né atteint d'entérocolite nécrosante, une affection potentiellement mortelle. Cette pathologie a été choisie par les chercheurs car elle peut évoluer très vite: la précision du diagnostic et la rapidité de la mise en place du traitement sont donc déterminantes.
Juste avant de rencontrer leur patient fictif, certaines équipes ont été exposées à des remarques désobligeantes d'un observateur extérieur, d'autres à des commentaires plus neutres. Trois experts médicaux ont évalué la démarche et les gestes médicaux des équipes. « Cobayes » et experts ignoraient que ce qui était testé, c'était la répercussion de l'agressivité sur la pratique.
Les résultats sont sans appel. Les groupes ayant subi des brimades ont été bien moins efficaces que les autres. Ils ont pris plus de temps à poser le diagnostic, ont été moins rapides pour la mise en place du traitement et ont eu plus de difficultés à échanger des informations entre eux. De quoi faire réfléchir les adeptes du management
« musclé »...
Lisette Gries