© D. R.
Sur son blog, cette Idel nous raconte ses histoires et anecdotes de petite infirmière de campagne en vadrouille qu'il pleuve, qu'il vente et aussi quand le soleil se pointe. Ce mois-ci, dans « L'Infirmière magazine », une petite piqûre de rappel pour se redonner un coup de boost quand le moral n'y est plus...
Je venais de passer une matinée difficile, la tournée n’avait pas été de tout repos. Une de ces tournées que l’on a envie d’effacer d’un trait de sa mémoire. Une de ces tournées qui met la motivation à rude épreuve et qui nous fait douter de notre intérêt pour ce métier et de notre capacité à l’exercer. Une de ces tournées où l’on se demande ce que l’on vaut vraiment parce que rien ne se passe comme on le voudrait...
Pas de grosses galères mais des petites choses qui font qu’à la fin, il ne reste que la sensation d’être tout en bas de l’échelle : un accueil glacial chez l’un, des reproches chez un autre parce que le retard s’est accumulé, l’impression de ne pas être disponible, de ne pas avoir les bons mots. Et puis la fatigue et l’agacement qui se rajoutent au reste, étiolant mon envie au gré des désillusions.
La tournée touchait à sa fin. Je n’avais qu’une hâte : la terminer ! La motivation s’était fait la malle depuis un bon moment déjà. Je me sentais vidée et je n’avais envie que de tourner la page pour chasser cette journée de mon esprit.. J’arrivais chez un de mes derniers patients de la matinée. Tous les jours, à la même heure, il m’attendait pour prendre son traitement psychiatrique. J’ai donc frappé à la porte et il est venu m’ouvrir avec un grand sourire. De sa maison, s’échappaient les premières notes de « Can’t help falling in love ».
Il adorait la musique et collectionnait les vinyles qu’il écoutait sans interruption toute la journée. Il les écoutait en faisant du coloriage ou un puzzle parce que, malgré son handicap, il arrivait toujours à s’occuper.Entrer dans cette maison a vraiment été comme un sas de décompression. J’ai respiré profondément, je me suis concentrée sur la chanson d’Elvis et pendant que le monsieur prenait son traitement, le poids de cette matinée m’a semblé moins lourd. Je prenais de la distance et, plus la chanson avançait, plus je me sentais mieux... Parfois, une piqûre de rappel est nécessaire : un moment de réflexion juste pour se souvenir que l’on fait de son mieux et que, parfois, le mieux est loin de la perfection.
Demain, je repartirai en tournée. Ce sera peut-être un jour moins bien, comme aujourd’hui, mais peut-être pas... Et comme disait Elvis Presley : « Une image est une chose, un être humain une autre. C’est très dur de se montrer à la hauteur d’une image. »
Retrouvez les aventures de cette infirmière sur son blog, La petite infirmière dans la prairie.