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Jeune diplômé IDE, Tété raconte avec gouaille son quotidien de « super-héros à temps partiel » sur son blog. Ce mois-ci, dans « L'Infirmière magazine », il revient sur cette étrange notion de vocation d'infirmière. Un mot qui justifierait l'inacceptable ?
Au fil de mes discussions avec divers patients, je me suis aperçu d’une chose. Nous sommes réputés pour être dévoués et sympas, sous tous les aspects. (Puis, moi, je suis réputé pour être mignon mais ça, c’est perso). Pourquoi cela ? Parce qu’infirmier est une « vocation ». Qu’est-ce qu’une vocation ? D’après le dictionnaire Larousse, c’est un « acte par lequel Dieu prédestine tout homme à un rôle déterminé, qui constitue sa fin personnelle, en particulier destination, appel au sacerdoce ou à la vie religieuse ».
Donc, dans vocation, il y a ce côté religieux, un héritage de nos pairs sans doute. Vous le savez sûrement, avant d’avoir de belles tuniques blanches, nous étions gérés à partir du XIIe siècle par les ordres religieux, donc bénévoles et dévoués. Il faudra attendre la Première Guerre mondiale pour voir émerger une version plus proche de l’infirmier d’aujourd’hui. Et avant, il y a eu Florence Nightingale (1820-1910) qui a posé les bases. Donc c’est plutôt frais.
Mais ce côté sacrifice et dévotion, ça plaît. Avouez, c’est charmant, on se sent utile. Un peu ce super- héros (payé proche d’un Smic), prêt à ne pas compter ses heures et à fermer les yeux sur ses conditions de travail. Le tout sans jamais se plaindre. À travailler le jour, la nuit, durant les fêtes. On sait d’où ça vient. Maintenant, voyons où cela nous mène.
Moi, et je ne suis pas le seul, je trouve tout cela un peu stupide (BIM !). Parce que si infirmier est une vocation, cela veut dire qu’on peut globalement nous imposer tout et n’importe quoi, et je n’aime pas trop ça. Puis c’est une super bonne excuse pour nous payer des cacahuètes. Enfin, nous ne devons pas plus que les autres fermer les yeux, sans nous plaindre parce que « infirmier, c’est une vocation ».
Infirmier est un métier comme un autre, pas un sacrifice. Nous avons par conséquent des droits et des devoirs (comme tout le monde) et le choix. Un rôle propre et des perspectives d’évolution. Nous pouvons avoir un impact, changer les choses. Une plainte, si elle est légitime, ne doit pas être diminuée par l’argument « c’est une vocation ». Nous avons une valeur qui nous permet si besoin est, d’avoir des revendications. Nous pouvons aller plus loin, faire les choses d’une meilleure manière (Evidence based nursing, formation continue, etc.). Donc, la prochaine fois que quelqu’un vous sort cet argument (tout pété), dites-lui : « Que nenni, cher ami ! J’ai étudié, je suis formé, je mérite de meilleures conditions de travail. »
Retrouvez les précédentes aventures de Tété :
- Intérimaire du spectacle, où il revient sur le quotidien du travail en intérim ;
- Petit Padawan deviendra grand, sur la fin de la troisième année d'Ifis, entre impatience et appréhension ;
- Alalalalala(lalalala), où il détaille le comportement de certains formateurs, pas toujours au top ;
- Bienvenue chez les psys, sur son premier stage en psychiatrie ;
- Rite de passage, où il revient sur son premier stage en Ehpad.