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Le Cise a lancé une pétition et organisé une conférence afin d’interpeller les politiques sur la nécessité de placer la bonne santé au cœur des objectifs de santé publique. Un impératif pour enrayer l’épidémie de maladies chroniques. Des solutions concrètes impliquant les Idels pourraient y concourir.
Depuis plus de deux ans, on parle des malades de la Covid, de l’importance des soins apportés, des patients décédés et du travail sans relâche effectué par les professionnels de santé. Mais l’importance d’être en bonne santé n’est pas un sujet vraiment présent dans le débat politique. Pourtant, rappelons-le, plus de vingt millions de Français souffrent de maladies chroniques, phénomène déjà qualifié de « véritable épidémie » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 2006. C’est pour interpeller les candidats et les candidates à l’élection présidentielle que le Collectif inter-associatif pour la santé environnementale (Cise), qui rassemble une cinquantaine d’associations dont le syndicat Convergence Infirmière, a lancé fin janvier une pétition sur le thème « Bonne santé, bonne année, nous voulons vivre en bonne santé sur une planète saine ». Le but est de mettre la santé dans le débat présidentiel, voire de porter le sujet au niveau européen en profitant de la présidence française de l’Union européenne.
Un big bang du système de santé« C’est bien d’avoir un système de santé pour soigner les gens, mais ce serait bien que le nombre de malades diminue. Le taux des maladies chroniques a été multiplié par deux en quinze ans et leur coût a été évalué à 120 milliards d’euros dans un rapport de l’Assurance maladie, a souligné André Cicolella, président du Réseau environnement santé (RES), lors de la conférence. Il nous faut un big bang du système de santé en intégrant un débat le plus large possible. Il n’est plus possible de séparer la crise de l’hôpital de la crise de la santé environnementale. Aujourd’hui, c’est le ministère de l’Économie et des Finances qui dirige la santé, or, la Santé doit être au cœur de toute politique. Nous proposons un Giec de la santé environnementale qui soit large et pas seulement sur la question des substances chimiques. »
L’objectif du Cise est ainsi de porter une vision plus intégrée de la santé et de la qualité de vie, ce qu’on appelle « une seule santé » ou « One Health ». « La politique de santé ne peut pas porter que sur une politique de soins, elle doit aussi intégrer massivement la politique de prévention et notamment celle des maladies chroniques », ajoute François Veillerette, porte-parole de Générations Futures. Un des axes proposés est de développer les médecines de prévention infantile, scolaire et au travail en mettant les moyens financiers nécessaires. Selon Tania Pacheff, présidente de Cantine sans plastique, il faudrait aller plus loin encore : « La prise en compte de la santé environnementale dans la formation initiale et continue des professionnels de santé et de la petite enfance est essentielle. Il faudrait aussi instaurer ce sujet dans les programmes de l’Éducation nationale et former les élus aux facteurs de risque. »
Capitaliser sur les infirmières libéralesQuant à Ghislaine Sicre, présidente de Convergence Infirmière et adhérente du Cise depuis la première heure, elle milite pour la prise en compte de la santé environnementale qui pourrait réduire les hospitalisations et les complications. Elle rappelle aussi le rôle primordial des Idels dans les démarches de prévention. « Il faut considérer la santé comme un capital à préserver et capitaliser sur les infirmières libérales qui maillent le territoire, estime-t-elle. Nous avons un panel de consultations infirmières, certaines pourraient être dédiées aux pesticides et aux facteurs environnementaux. Mais pour cela, il faut pouvoir être rémunéré par un acte sur la prévention, l’éducation et la promotion de la santé. Cela n’est pas le cas aujourd’hui. Pour les patients âgés, il est important de les aider dans leur qualité de vie pour mieux vieillir en santé et favoriser leur autonomie. À mon sens, beaucoup de choses passent par l’éducation – alimentation, hygiène de vie, sport – et par le rôle que les Idels peuvent avoir auprès des élus. Aujourd’hui, nous travaillons en silos et isolées. Il nous faut apprendre à travailler davantage ensemble et, avec la crise sanitaire, nous avons pu voir que cela était possible. Des Idels ont travaillé avec des élus, des personnels de mairie, des échanges ont eu lieu pour agir concrètement. » À ce jour, Convergence Infirmière a rencontré l’équipe de Valérie Pécresse (LR). Des rendez-vous sont prévus avec d’autres candidats à la présidentielle pour faire passer le message.
Isabel Soubelet
FOCUS
Politique européenne
Au niveau européen, des signaux positifs sont visibles. En mai dernier, la Commission européenne a adopté son plan d’actions pour parvenir à l’objectif du Pacte vert pour l’Europe qui prévoit « zéro pollution » d’ici à 2050. Le plan d’actions fixe plusieurs objectifs dès 2030 afin de réduire la pollution à la source par rapport à la situation actuelle. Notamment réduire de 55 % le nombre de décès prématurés causés par la pollution atmosphérique et baisser de 30 % la part des personnes souffrant de troubles chroniques dus au bruit des transports.
À LIRE ÉGALEMENT
- Gries L., « Oni : un colloque pour penser l’avenir du système de santé », Espaceinfirmier.fr, le 25/01
- Soubelet I., « Un ambassadeur de la santé planétaire », L’Infirmièr.e n° 15-16, décembre 2021-janvier 2022