Un accident d’exposition au sang (AES) est défini comme tout contact avec du sang ou un liquide biologique contenant du sang et comportant soit une effraction cutanée, soit une projection sur une muqueuse ou sur une peau lésée. Sont assimilés à des AES les accidents survenus dans les mêmes circonstances avec d’autres liquides biologiques tels que sécrétions génitales, liquide cérébro-spinal, synovial, pleural, péritonéal, péricardique, amniotique.
Les Idels peuvent être confrontées à un risque d’AES, des précautions sont donc à prendre pour éviter toute contamination. Parmi elles :
→ porter des gants s’il y a un risque de contact avec du sang ou tout autre produit d’origine humaine, avec les muqueuses ou la peau lésée d’un patient, et systématiquement en cas de lésion cutanée des mains. Il faut changer les gants entre deux patients et deux activités ;
→ lorsqu’il y a un risque de projection de sang ou de produits biologiques potentiellement contaminants, porter une tenue adaptée ;
→ utiliser de préférence du matériel à usage unique ;
→ respecter les bonnes pratiques lors de toute manipulation d’instruments piquants ou coupants souillés, c’est-à-dire ne jamais recapuchonner les aiguilles, ne pas désadapter à la main les aiguilles des seringues ou des systèmes de prélèvement sous vide, jeter immédiatement sans manipulation les aiguilles et autres instruments piquants ou coupants dans un conteneur adapté situé au plus près du soin. En cas d’usage de matériel réutilisable, lorsqu’il est souillé, le manipuler avec précaution et en assurer rapidement le traitement approprié ;
→ les prélèvements biologiques, le linge et les instruments souillés par du sang ou des produits biologiques doivent être transportés dans des emballages étanches appropriés, fermés puis traités ou éliminés si besoin selon des filières définies ;
→ la vaccination et l’immunisation, notamment contre l’hépatite B, font également partie des premiers gestes de prévention contre la contamination.
Si, malgré les précautions d’usage, un AES survient, les professionnels de santé doivent respecter un protocole afin d’éviter au maximum le risque d’infection, surtout lié au VIH, VHC et VHB. Cependant, plus de cinquante pathogènes différents peuvent être transmis après un AES. La priorité du professionnel est, dans la mesure du possible, d’arrêter le travail en cours pour aller laver la plaie avec de l’eau et du savon afin d’enlever le plus de matières organiques possible, et ensuite la désinfecter pendant au moins cinq minutes avec, de préférence, un dérivé chloré. Pour les yeux, il faut laver à grande eau ou au sérum physiologique. Pour les soins locaux, si cela ne saigne pas, il ne faut surtout pas faire saigner.
La deuxième urgence est d’évaluer le risque de transmission, en se rendant auprès d’un service hospitalier expert ou référent afin qu’un expert évalue le risque potentiel de contamination et envisage la mise en place d’un traitement. Les Idels doivent rechercher l’établissement référent, dont la liste est disponible auprès des Agences régionales de santé ou sur les sites des Comités de coordination de la lutte contre l’infection par le VIH. Il est recommandé, en cas de risque de VIH, de venir dans les quatre heures suivant l’AES afin de garantir l’efficacité de la prise en charge. Cela implique, pour les Idels, de quitter leur tournée. Aussi sont-elles beaucoup à privilégier l’auto-évaluation, qui permet de distinguer les AES à risque faible ou nul, des AES plus à risque. Comme il peut être difficile pour un libéral de se déplacer aux urgences d’un établissement référent systématiquement en cas d’AES, l’idéal est qu’il dispose en amont des coordonnées d’un hôpital référent pour un avis téléphonique.
La gravité d’un AES est définie en fonction de l’analyse d’un certain nombre de critères dont la sévérité de l’exposition, l’existence de protection portée ou non au moment de l’accident, le statut sérologique du patient source, l’acte pratiqué, le liquide biologique responsable et le matériel en cause. Ces informations aident le référent à évaluer la nécessité d’un traitement préventif. Après les premiers soins, il est important d’obtenir si possible le statut sérologique du patient, ce qui peut être compliqué en libéral. En son absence, il faut raisonner en termes de risques maximums. Pour être couvertes, les Idels doivent souscrire une assurance volontaire qui couvre les accidents professionnels (accidents du travail/ maladies professionnelles). Il leur est également recommandé de souscrire une prévoyance.
Principaux résultats de l’enquête de 2013
• 62 % des infirmières libérales déclarent avoir été victimes d’un AES par piqûre au cours de leur carrière.
• 35 à 90 % ne portent jamais de gants.
• Après l’AES, seulement 19 % ont consulté un médecin référent hospitalier et 14 % ont déclaré l’AES à l’Assurance maladie ou à leur assureur privé.
• 52 % ne connaissent pas la conduite à tenir en cas d’AES et 80 % estiment que les informations à leur disposition sont insuffisantes ou inexistantes.
* Enquête réalisée auprès de 1 870 Idels (octobre-novembre 2013).