L'infirmière Magazine n° 347 du 15/06/2014

 

EMPLOI

ACTUALITÉ

VÉRONIQUE HUNSINGER  

Les avantages de l’intérim couplés avec la sécurité de l’emploi : une infirmière vient de bénéficier du premier « CDI intérimaire » signé par Appel Médical. Un contrat adapté aux métiers en tension.

C’est une première pour la profession infirmière. Une Lyonnaise de 31 ans a signé, avec Appel Médical, l’un des tout premiers CDI intérimaires, fin mai. Ce contrat de travail d’un nouveau genre avait été négocié par les partenaires sociaux de la branche du travail temporaire, en juillet 2013. Intérimaire depuis deux ans, Émilie Aigon (photo ci-contre) avait le profil idéal. « Je n’ai pas choisi l’intérim pour le côté financier, mais pour la multiplicité des missions et pour avoir un peu plus de liberté dans ma pratique quotidienne », explique-t-elle. En signant un CDI, elle perd la prime de précarité (10 %) à la fin de chaque contrat mais gagne en sécurité de l’emploi. Elle est, en effet, assurée de gagner au minimum 1 650 euros net, qu’elle travaille ou pas. « L’intérêt pour nous est de fidéliser des profils sur lesquels il y a des tensions sur un bassin d’emploi ou une qualification, indique Christophe Bougeard, directeur général d’Appel Médical. C’est le cas des infirmières et des aides-soignantes. »

L’infirmière « CDIsée » devra-t-elle accepter toutes les missions ? La loi précise qu’elle peut refuser les propositions au-delà de 50 km de son domicile. Mais, pour le reste, pas question de dire non. « Cela se fera en bonne intelligence car une agence n’aura aucun intérêt à forcer une infirmière à accepter une mission que celle-ci n’aura pas envie de faire », relativise Christophe Bougeard.

Ancienneté

Émilie Aigon n’y voit pas de con­trainte pour l’instant. « L’intérêt est que je me remets à dérouler un plan de carrière en termes d’ancienneté et d’échelon, souligne-t-elle. Le jour où je voudrai revenir en poste fixe dans un établissement, je pourrai négocier la reprise de mon ancienneté réelle. » Le CDI lui procure aussi des congés payés, une meilleure couverture sociale, un meilleur accès à la formation continue et plus de facilité pour obtenir des prêts bancaires.

Côté syndicat, le CDI est observé avec défiance. « Indépendamment du choix de la salariée, du point de vue de l’institution, cela ne résout rien, note Didier Bernus, secrétaire général FO service public et santé. C’est toujours une adaptation aux moyens et pas une réponse aux besoins dans les services, qui sont de plus en plus sous tension. » Appel Médical a prévu d’embaucher plusieurs dizai­nes d’infirmières en CDI.