Politique de santé Le 18 septembre dernier le Président de la République a présenté à l’Elysée devant l’ensemble des représentants du monde de la santé, le plan stratégique envisagé par le Gouvernement pour le système de santé pour les 2 ans à venir.
Orienté autour de 4 axes principaux (voir tableau), ce programme, fruit de concertations initiées depuis le début de l’année 2018 avec l’ensemble des partenaires, se veut ambitieux, efficace, pour répondre aux enjeux sociétaux de notre pays en matière de santé pour l’avenir. Il prend bien entendu en compte les contraintes budgétaires actuelles. « La stratégie nationale de santé s’inscrit dans le cadre économique et financier fixé par le Gouvernement pour un rétablissement durable de la situation des finances publiques. Elle contribue à renforcer l’efficience du système de santé en cohérence avec le plan d’appui à la transformation du système de santé et à garantir la soutenabilité des dépenses de santé, condition du maintien d’un accès de tous à des soins de qualité ».
S’il est évident que le Gouvernement souhaite mettre en œuvre une réforme qui réponde aux difficultés actuelles du monde de la santé, tout en permettant de mieux gérer les problématiques à venir, ce plan, décliné en 11 domaines prioritaires et 48 objectifs nationaux, apporte peu d’informations quant aux mises en œuvre concrètes. De plus, et malgré toutes les précautions prises en amont pour que les réformes soient représentatives des attentes exprimées par l’ensemble des acteurs de santé (professionnels, patients, gestionnaires, politiques) les délais souhaités paraissent parfois extrêmement courts.
Pour exemple, ce plan stratégique demeure très évasif sur la manière de réaliser des propositions telles que « Développer dès la formation une culture pluriprofessionnelle et du travail en équipe et une plus grande proximité avec les autres professions, notamment grâce à des modules communs et à des échanges de pratiques entre professionnels de santé et avec les travailleurs sociaux et les acteurs médico-sociaux ». Certes, il est précisé que la mise en œuvre de l’ensemble de ce plan sera développée au niveau national à travers les plans et programmes nationaux « dont la cohérence sera notamment assurée par le plan national de santé publique », mais aussi à travers les projets régionaux de santé et « d’autres outils régionaux ».
Mais il paraît d’ores et déjà évident que certaines mesures nécessiteront des concertations entre professionnels peu habitués à travailler ensemble, ce qui exige du temps pour apprendre à se connaitre.
Loin de négliger les problématiques de santé liées à l’avancée en âge de la population, ce plan réintègre largement des mesures orientées vers les enfants et les jeunes, qu’il s’agisse de mesures de prévention, en protection maternelle et infantile, en structure d’accueil de jeunes enfants, en milieu scolaire ou dans les institutions de soins.
Si ce plan stratégique répond dans plusieurs domaines, à des attentes des professionnels et des patients, certaines mesures étaient totalement inattendues. Ainsi, la création d’un métier d’assistant médical à l’instar de l’assistant dentaire soulève de nombreuses interrogations tant en France qu’hors de nos frontières (voir encadré). Il est en effet légitime de penser que ce métier apparait soudain pour apporter une réponse rapide aux demandes des médecins libéraux, qui se plaignent de la charge administrative qui leur incombe. Mais dans le même temps, alors que nous pouvions penser que l’officialisation de la formation d’infirmière en pratique avancée en juillet dernier aurait fait l’objet d’un développement lors de la présentation de ce plan stratégique, rien de plus n’a transpiré sur les fonctions et la rémunération de ces professionnels. Il est possible d’entendre à travers les mesures présentées que les propositions qui sont faites et qui seront mises en œuvre, favoriseront des évolutions ultérieures, à partir des expériences qui seront menées localement. Il appartient à chacun, en sa qualité de professionnel, et de citoyen d’être particulièrement vigilant et mobilisé dans les mois à venir. En effet, soit, ce plan stratégique favorisera l’évolution du fonctionnement actuel du système de santé, soit nombre des mesures envisagées resteront au stade des projets et des intentions.
Dans son éditorial daté du 28 septembre 2018, la secrétaire générale du Sidiief réagit à l’annonce du Président de la République française concernant la création du métier d’assistant médical. Elle souligne que cette proposition visant « à consolider les services médicaux ambulatoires autour de la prestation médicale » est à contre-courant des grandes tendances internationales.
Elle rappelle les rapports et les études qui soulignent que les systèmes de santé qui réussiront à l’avenir doivent s’appuyer sur des équipes interprofessionnelles « fortes, compétentes et aptes à s’engager dans un nouveau partage des responsabilités ».
À travers les propos de sa secrétaire générale, le Sidiief exprime ses craintes quant aux fonds destinés à ce nouveau métier qui risquent de ne plus être disponibles pour permettre aux Infirmiers en Pratique Avancée de trouver leur place dans le système de soin, en particulier en médecin ambulatoire.
→ Pour accéder à l’ensemble de l’éditorial : Sidiief <infolettre=sidiief.org@cmail19.com>
1 Politique de promotion de la santé incluant la prévention dans tous les milieux
2 Lutter contre les inégalités sociales et territoriales d’accès aux soins
3 Garantir la qualité, la sécurité et la pertinence des prises en charge à chaque étape du parcours de santé
4 Innover pour transformer notre système de santé en réaffirmant la place des usagers