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La Société française d'hygiène hospitalière (SF2H) vient d'éditer de nouvelles recommandations concernant la prévention des infections liées aux cathéters périphériques.
La Haute autorité de santé estime à 25 millions le nombre de cathéters mis en place chaque année. Lors de l'enquête nationale de prévalence des infections associées aux soins un jour donné, sur 80 998 patients hospitalisés, près d'un quart d'entre eux étaient porteurs d'un cathéter périphérique et 4 % d'un dispositif sous-cutané, avec tous les risques que cela peut comporter, et notamment ceux liés à une bactériémie. La SF2H avait édité en 2005 des recommandations sur le sujet, mais depuis, de nouveaux cathéters ont vu le jour (midline, valves) et de nouvelles pratiques, notamment en gériatrie, ont émergé, explique la SF2H en préambule. Une raison suffisante pour s'emparer à nouveau du sujet et formuler de nouvelles recommandations, à la lumière de ces avancées et de celles évoquées sur l'antisepsie de la peau saine avant un acte invasif. Globalement, la SF2H a raccourci le nombre de recommandations – leur nombre total est passé de 61 à 46 – lesquelles se décomposent en différents volets : celles qui sont communes aux cathéters périphériques vasculaires et sous-cutanés, celles spécifiques de la ligne de perfusion pour les cathéters périphériques vasculaires, celles relatives aux cathéters veineux périphériques, celles pour les midlines et enfin celles pour les cathéters sous-cutanés.
Concernant les recommandations générales, valables pour tout type de cathéter, la SF2H explique que sur le plan de l'asepsie, la phase de détersion préalable à l'application de l'antiseptique n'est plus recommandée qu'en cas de souillures visibles ; cette recommandation fait suite à celles publiées en 2016 (par la SF2H) sur « l'antisepsie de la peau saine avant un geste invasif chez l'adulte » et d'autres études internationales sur le sujet. Concernant le choix de l'antiseptique, la SF2H recommande ceux à base de chlorhexidine ou de povidone iodée, aucune étude n'ayant montré la supériorité d'un produit sur l'autre. Concernant la ligne de perfusion pour les cathéters périphériques vasculaires, la SF2H précise qu'il est recommandé de ne pas la changer avant 4 jours sans excéder 7 jours ; cette recommandation évolue par rapport à la version précédente où il était recommandé de changer le dispositif toutes les 96 heures. Elle ajoute aussi une recommandation concernant le changement sans délai du dispositif lors de signes locaux évoquant une infection. Enfin, pour chaque type de cathéters, il est possible de remplacer les bouchons obturateurs par une valve bi-directionnelle, ceci afin de maintenir un système clos lorsque le cathéter n'est pas utilisé et de rincer après chaque utilisation du cathéter par poussées successives*.
Des recommandations spécifiques sur les midlines (cathéters périphériques longs mis en place dans les veines profondes) ont été ajoutées. La SF2H préconise des midlines avec prolongateur intégré, plus favorable en cas de changement de ligne de perfusion lorsque ceux-ci doivent être en place au moins 7 jours – et sur la pose qui doit être réalisée sous échoguidage, dans la veine basilique, au niveau du bras non dominant, dans des conditions strictes d'aseptie avec désinfection chirurgicale des mains, port de gants, mais aussi masque chirurgical et casaque stérile, ces deux derniers items étant aussi recommandés pour le patient. Elle précise de bien identifier le midline avec prolongateur intégré pour ne pas qu'il soit confondu avec un PICC. Enfin, pour les midlines sans prolongateur intégré, les conditions à respecter sont celles de la pose d'un cathéter veineux court. A noter que le système de fixation adhésif du midline doit, quant à lui, être changé tous les 8 jours ou avant s'il est souillé ou décollé.
Enfin, la SF2H rappelle les sites de pose possible pour un cathéter sous-cutané et adapte les recommandations à l'usage, par exemple en EHPAD où l'hydratation par voie cutanée est plus souvent utilisée. Elle précise en outre les volumes à utiliser – ne pas dépasser 1 000 à 1 500 ml par jour par injection (sans jamais dépasser 3 000 ml sur 24 heures en cas d'injection sur deux sites) à un débit de 3 ml par minute au maximum, sous peine de nécrose ou de douleur. D'un point de vue strictement matériel, la SF2H enjoint les utilisateurs à utiliser les cathéters souples sécurisés, de taille 22 gauges ou 24. Ces recommandations s'agrémentent d'annexes précisant les abords vasculaires les plus favorables en fonction des indications (cas particuliers tels que patients atteints d'un cancer, d'une insuffisance rénale ou en réanimation).
* Le rinçage en poussées successives (ou rinçage pulsé) est utilisé pour ne pas abimer le cathéter par surpression. Il consiste à utiliser une seringue de calibre supérieur à 10 ml remplie d'un volume de 10 ml minimum d'une solution de chlorure de sodium injectable stérile à 0,9 %.