Un protocole de coopération autorise des soignantes du centre de vaccination de Pont-Audemer à vacciner sans prescription médicale.
L'équipe du centre de vaccination du CH de la Risle, à Pont-Audemer (Eure), vient de voir deux années de labeur récompensées. Depuis 2011, elle travaillait à l'élaboration d'un protocole de coopération destiné à transférer la compétence vaccinale du médecin vers l'infirmière.
Autorisé par l'ARS de Haute-Normandie en décembre dernier, il permet aux deux infirmières du centre de prescrire les vaccins, de pratiquer les injections, de mettre à jour le carnet vaccinal et de prendre en charge la gestion des effets secondaires chez les patients adultes et enfants (à partir de six ans). Le protocole prévoit, par ailleurs, une surveillance du patient de 30 minutes après l'injection et la remise d'une fiche d'information. Ce cadre exclut cependant la primovaccination, qui doit systématiquement être réalisée par un médecin. Validé par la HAS, ce protocole devrait être effectif à la fin du premier trimestre 2014.
Autonomie
« Les infirmières ont suivi une solide formation il y a deux ans, qui sera reprise avant la mise en œuvre », souligne Béatrice Beauchamps, directrice des soins et conseillère technique à l'ARS de Haute-Normandie. Un médecin infectiologue du CHU de Rouen, spécialiste de la vaccination, leur a dispensé une douzaine d'heures de cours sur le calendrier vaccinal, les maladies, les objectifs de la vaccination, la façon de mener un entretien ou de décider de prescrire un vaccin… Les professionnelles ont ensuite reçu une formation pratique en assistant aux consultations vaccinales avec le médecin, puis en les réalisant elles-mêmes en sa présence.
Elargir la couverture vaccinale
« Ce protocole permettra d'élargir la couverture vaccinale des habitants du département », se réjouit Béatrice Beauchamps. Il facilitera l'accès du public au centre de vaccination, dont les horaires d'ouverture ne seront plus assujettis à la présence du médecin. « Ce cadre présente également l'intérêt de promouvoir le travail des infirmières qui exercent dans les centres de vaccination depuis plusieurs années », poursuit Béatrice Beauchamps.
Dans l'Eure, département faiblement doté en médecins, ce protocole suscitera sans doute l'intérêt d'autres maisons de santé. Il répond également à une revendication portée par l'Ordre des infirmiers et le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux.
Sophie Komaroff
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