Manque de personnel, organisation inadaptée des procédures d’alerte, contestation du chef de pôle… Depuis la violente agression d’une infirmière par un patient, rien ne va plus à l’unité pour malades difficiles.
Dans la nuit du 31 décembre, une IDE a été agressée par un patient au sein du centre hospitalier spécialisé (CHS) de Cadillac-sur-Garonne (Gironde), entraînant une vive réaction du personnel de l’établissement, qui s’est mis en grève dès le mardi suivant. Depuis, malgré une inspection diligentée par l’ARS, la situation ne cesse de s’envenimer.
Chaque jour, dès 7 heures du matin, une quinzaine de grévistes occupent l’entrée des lieux, filtrant les allées et venues des patients, du personnel et des visiteurs. « Ils le font sur leur temps libre, nous explique Alain Martin, infirmier et délégué FO du centre. Quoi qu’il arrive, un certain nombre d’agents doivent obligatoirement occuper leur poste chaque jour pour des raisons de sécurité. » Et dans la mesure où les effectifs ont été réduits, on imagine bien que le personnel excédentaire ne court pas les rues.
« Aucune situation alarmante »
C’est avec un pichet en métal que la soignante de 51 ans a été violemment frappée au cours du dîner de réveillon par un patient hospitalisé au sein de l’unité pour malades difficiles (ULD). A ce moment-là, seuls deux IDE s'occupaient des 18 patients présents, le 3e étant contraint par le règlement de rester à l’intérieur de ce qu’on appelle « le bocal », une pièce vitrée dédiée à la surveillance et au lancement d’alertes. Grâce à l’intervention d’un autre patient, le malade a finalement pu être maîtrisé. Immédiatement admise aux urgences du CHU de Bordeaux, l’IDE a quitté l’hôpital 24 heures après les faits mais bénéficie tout de même d’un arrêt de travail de plus de trois mois.
Le vendredi suivant l’agression, une mission d’inspection était diligentée par l’ARS. Bien que ses conclusions définitives ne soient pas encore connues, l’on sait déjà que l’équipe qui la composait estime n’avoir mis en évidence « aucune situation alarmante ». Ce n’est pas l’avis de l’intersyndicale, qui tire la sonnette d’alarme à propos de la réduction du nombre d’IDE. La règlementation des UMD imposant un IDE par tranche horaire jour pour six patients, le nombre de patients accueillis à Cadillac a été réduit de 19 à 18 en juillet 2012, ce qui a permis à la direction de passer de quatre à trois IDE. Le directeur de l’établissement, Jacques Laffore (1), a proposé de repasser à 3,5 équivalents temps plein infirmier, rapporte l’APM.
Menaces
Mais, pour l’intersyndicale, le départ « immédiat » du chef de pôle de l’UMD est « le seul point non négociable », explique Alain Martin, dénonçant « un comportement très particulier avec les personnels et les patients », « une toute puissance absolue », « l’interdiction aux infirmiers de faire des notations dans le dossier si elles ne correspondent pas à sa vision » et même « des menaces » sur leur carrière. Face à cette exigence, le directeur a proposé que le mandat de ce dernier ne soit pas renouvelé lorsqu’il arrivera à son terme. Ce n’est pas suffisant pour la grande majorité du personnel qui, selon le syndicaliste FO, souhaite que celui-ci quitte définitivement l’établissement.
Laure de Montalembert
1- Nous avons tenté de joindre le directeur de l’établissement, sans succès.