En pleines négociations tarifaires avec le ministère de la Santé, la FHP entre en "résistance". Les établissements privés menacent de ne plus accueillir de stagiaires infirmiers à compter du 1er mars.
Plus de 30 000 stagiaires infirmiers passent chaque année par les services des cliniques et hôpitaux privés, soit un tiers des étudiants en Ifsi, selon la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP). Un état de fait qui ne sera peut-être plus qu’un souvenir: à partir du 1er mars, les cliniques et hôpitaux privés ont décidé de ne plus former les étudiants infirmiers.
Considérant être mise en situation de « concurrence déloyale » avec le secteur public, l'hospitalisation privée a décidé d’engager un bras de fer avec le gouvernement. Si ce mouvement de « résistance » démarre ces jours-ci, ce n’est pas par hasard. Nous sommes, en effet, en pleine période de renégociation annuelle par les hôpitaux privés et publics des tarifs de remboursement de l’Assurance maladie. Dans la mesure où celle-ci est tenue par le budget 2014 de faire 2,9 milliards d’euros d’économies, les cliniques craignent d’en être les principales victimes.
"Nous jouons un rôle essentiel dans la formation des professionnels"
Interrogé par nos soins, Jean-Loup Durousset, président de la FHP, insiste sur le manque de reconnaissance perçu par son secteur : « Nous réclamons que les pouvoirs publics admettent que nous jouons un rôle essentiel dans le panorama de la santé et la formation des professionnels. Sinon, ils n’ont qu‘à créer une convergence tarifaire et fiscale pour que tout le monde soit logé à la même enseigne. Dans la mesure où cela n’est pas économiquement envisageable, qu’on nous laisse au moins travailler tranquillement », lance-t-il, avant d’admettre que « le ministère ne semble pas fermé à la discussion ».
Parmi les autres menaces de la FHP : la mise en œuvre « d’un arsenal juridique » visant à attaquer systématiquement les hôpitaux publics pour « abus de position dominante ». Par ailleurs, les aides-soignantes souhaitant devenir infirmières se verraient opposer une fin de non-recevoir pendant une durée encore indéterminée. 3000 embauches seront également gelées, notamment celles liées aux contrats aidés. Une mesure qui pourrait coûter très cher aux cliniques de plus de 300 salariés, passibles d’une forte amende pour refus de recrutement de contrats de génération.
Laure de Montalembert