21/02/2014

Sécurité des soins : les infirmières libérales dans le collimateur

L’Institut de veille sanitaire (InVS) a réalisé, à la demande de l’ARS Île-de-France, la première étude sur le respect des bonnes pratiques, notamment en matière d’hygiène. Les résultats, collectés auprès de 206 Idel, sont alarmants.

Seules 3,4% des infirmières libérales satisfont à toutes les recommandations pour une bonne hygiène des mains : lavage, port de gants, ongles courts et sans vernis, absence de bijoux. C’est le résultat inquiétant de l’étude rendue publique dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 18 février 2014. L’étude se réfère au guide réalisé par la Direction générale de la Santé en 2006 sur les « bonnes pratiques pour la prévention des infections liées aux soins réalisés en dehors des établissements de santé ».

Un environnement moins contrôlé

«Dans un environnement moins structuré et moins contrôlé que l’hôpital », l’application de ces précautions est « insuffisante », relève l’étude, la première à lever le voile sur les pratiques des infirmières libérales. L’InVS a adressé, en 2012, un questionnaire aux 883 Idel de Seine-et-Marne. 206 infirmières (24%) y ont répondu. L’InVS admet qu’il est « difficile de juger de la représentativité de l’étude », car ce sont les infirmières « les plus motivées sur le sujet » qui ont sans doute répondu. Le pourcentage de bonnes pratiques est donc probablement surestimé…

Seules 45% des infirmières répondantes déclarent se laver les mains avant chaque visite à domicile, 57% ont les ongles courts et sans vernis, 37% ne portent aucun bijou, 29% ont toujours des gants. Elles sont aussi mal équipés : si 98% disposent de gants, 64% possèdent des masques de protection, et 23% des tabliers à usage unique.

Les scores ne sont pas meilleurs en matière de sécurité des soins. Si 30% des Idel sondées ont vécu un accident exposant au sang (AES), elles sont peu nombreuses à connaître la procédure à suivre : 27% possèdent un produit conforme pour le nettoyage de la plaie, 24% connaissent le référent hospitalier le plus proche.

Gestion des Dasri

La collecte et le tri des déchets d’activité de soins à risques infectieux (Dasri) laissent aussi à désirer : à peine 9% des Idel observent toutes les exigences légales. Les déchets piquants-coupants-tranchants sont triés par 96% d’entre elles, mais les déchets mous à risque infectieux par seulement 32%. 65% des répondantes n’utilisent pas de conteneurs spécifiques pour le transport des Dasri ; 72% les éliminent en ayant recours à une société spécialisée.

Le questionnaire explore également le statut vaccinal des libérales: seules 54% ont leurs vaccins à jour (DtP, coqueluche, rougeole, hépatite B).

Enjeux

La communication hôpital-ville est, par ailleurs, inexistante : seules 1% des Idel ont accès au compte-rendu d’hospitalisation et 88% ne sont pas informées lorsqu’un patient est porteur d’une bactérie multirésistante ! L’enjeu est pourtant colossal, comme le rappelle l’InVS : le vieillissement de la population et la diminution de la durée d’hospitalisation font que les patients, parfois fragilisés, sortent de l’hôpital ou sont pris en charge de plus en plus tôt à leur domicile. Les soins infirmiers qui y sont pratiqués sont, donc, de plus en plus techniques. Et les bactéries multi-résistantes franchissent allègrement la barrière ville-hôpital, comme le staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SArM).

Caroline Coq-Chodorge

Photo: © Oksana Kuzmina - Fotolia.com


Pour aller plus loin, lire le dossier consacré à la gestion des Dasri à paraître dans L'Infirmière libérale magazine du mois de mars.

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