25/02/2014

Des médecins s'opposent à la pose de voies veineuses centrales par les infirmières

Un syndicat d’anesthésistes-réanimateurs libéraux s’élève contre un protocole de coopération autorisé fin 2013. Ce transfert de compétences ferait de la concurrence aux cliniques privées.

« Une décision lourde de risques », motivée par la seule « préoccupation économique » : le Syndicat national des anesthésistes réanimateurs de France (Snarf) a réagi, le 10 février, avec plusieurs mois de retard, à l’avis favorable rendu le 5 juin 2013 par la Haute autorité de santé au protocole de coopération autorisant la pose de voies veineuses centrales par une infirmière. 

Bien décidé à entraver cette coopération, le syndicat annonce « saisir en urgence un avocat au Conseil d’Etat pour engager tout recours utile aux fins d’annulation de cette décision de la HAS » 

Augmentation des besoins

Ce transfert de compétences n’est pourtant pas neuf. S’il est officiellement autorisé depuis fin 2013, il est en réalité expérimenté depuis 2010 par le centre de lutte contre le cancer Léon-Bérard à Lyon. Il est rendu nécessaire par l’augmentation des besoins de prise en charge d’une « population au capital veineux de plus en plus fragile car vieillissante et polypathologique », explique l’établissement dans le protocole. Il évite ainsi une externalisation de cet acte vers des cliniques privées, donc des déplacements inutiles de patients, souvent âgés.

Sans surprise, la pose de voie veineuse centrale par les infirmières est vécue comme une concurrence déloyale par les anesthésistes des cliniques privées. C’est une des raisons de l’opposition du Snarf, syndicat de médecins libéraux. « L’ARS est censée promouvoir les coopérations entres établissements publics et privés, explique Pierre Lanot, secrétaire général du Snarf. Mais elle préfère, avec la HAS, prendre le risque de transférer un acte, contre l’avis des syndicats. »

« En cas de problème, qui sera responsable ? »

Le Snarf est proche de la Confédération des syndicats médicaux français (CMSF), très hostile aux protocoles de coopération. Pierre Lanot en reprend les principaux arguments: «  A quoi cela sert-il de définir des cadres pour nos métiers, si on peut y déroger ? Ces coopérations ouvrent la voie à une généralisation dans tous les établissements. En cas de problème, qui sera responsable ? L’anesthésiste, qui n’est peut-être pas au courant de ce transfert de compétences ? »

Rappelons que la vingtaine de coopérations autorisées par la HAS sont très encadrées et ne sont pas, à l’heure actuelle, généralisables.

Caroline Coq-Chodorge
Photo: © sudok1 - Fotolia.com

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