Refusant d'être les otages de la guerre entre l'hospitalisation privée et le ministère de la Santé, les étudiants dont les stages ont été annulés se préparent à « passer à l'offensive ».
Article publié le 26/02, mis à jour le 27/02: réaction de la ministre de la Santé.
Lyon, Chambéry, Tours, Niort, Perpignan, Neufchâteau.... Depuis l'annonce, début février, de la suspension de l'accueil d'étudiants infirmiers dans les cliniques et hôpitaux privés, la colère gronde dans les Ifsi. Pris en otage dans la « guerre froide » que se livrent la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) et le ministère de la Santé, en pleines négociations tarifaires, les étudiants en soins infirmiers se mobilisent pour défendre leur avenir.
Maintien du boycott
D'après les chiffres annoncés par la FHP, qui accueille chaque année 32 000 stagiaires infirmiers, près de 80% des cliniques et hôpitaux privés auraient suivi le mot d'ordre (voir la carte). A l'approche de la date fatidique du 1er mars, alors que les annulations de stage se multiplient, il semble de plus en plus évident que la FHP mette sa menace à exécution. Mardi 25 février, le comité exécutif de la fédération « a jugé que les réponses apportées par le ministère de la Santé étaient insuffisantes pour lever sa menace », rapporte l'APM. Un nouveau comité est prévu le 5 mars.
Maigre consolation: lors d'une rencontre au ministère, la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) a obtenu « la promesse que les étudiants déjà en stage ne seraient pas impactés par cette mesure », annonce l'association dans un communiqué daté du 26 février.
Les services de soins « surchargés »
Dans les Ifsi, la priorité a été donnée aux étudiants de 3e année, dont le diplôme est en jeu. Des stages de nuit ont été proposés; un report aux vacances d'été est également envisagé. Dans un communiqué du 26 février, la ministre de la Santé affirme que deux tiers des 7000 étudiants concernés "bénéficient d'ores et déjà d'un terrain de stage dans une autre structure" grâce à la mobilisation de la Fédération hospitalière de France (FHF), de la Fédération des établissements hospitaliers et d'aide à la personne privés non lucratifs (Fehap) et des centres de lutte contre le cancer, qui ont pris l'engagement d'ouvrir des places de stage.
Mais, selon la Fnesi, de nombreux étudiants restent « sur le carreau ». L'association reproche au ministère de vouloir « pousser les murs » des services de soins, « qui se verront surchargés »; la qualité de l'encadrement des stagiaires sera "dégradée". Refusant que les étudiants soient « de vulgaires pions », la Fnesi a décidé de « passer à l'offensive ». Un conseil d'administration, convoqué en urgence, se tiendra ce samedi 1er mars, « afin de décider des actions fortes à mener ». Les étudiants infirmiers n'ont pas fini de faire parler d'eux.
Aveline Marques
Pour en savoir plus sur les enjeux du conflit, lire l'article à paraître dans le numéro du 1er mars de L'Infirmière magazine.