Lyon, Lille, Bordeaux, Toulouse, Rennes, Orléans, Nancy, Amiens, Marseille… Plusieurs rassemblements étaient organisés hier pour dénoncer les conséquences de la suspension de l'accueil des stagiaires dans les cliniques et hôpitaux privés. Les étudiants ont également pointé une précarisation croissante et un manque d'égalité.
A Paris, entre 2500 (selon la police) et 4000 (selon les organisateurs) étudiants en soins infirmiers (ESI) ont défilé de la gare Montparnasse jusqu'au ministère de la Santé, où une délégation a été reçue. A Marseille (photo ci-dessus), 400 à 600 étudiants des Ifsi de la région Provence-Alpes-Côtes d'Azur (PACA) sont partis du siège de l’ARS pour se rendre à l’Hôtel de région, avant de se rassembler devant le siège de la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP).
Incompréhension
A l’ARS, ce sont des questions liées à la formation et aux difficultés de la profession infirmière qui ont été évoquées, en plus d’une analyse de la situation actuelle. Parmi les sujets inquiétant les étudiants, l’encadrement en stage, l’incompréhension entre les « anciens DE et les nouveaux DE » et l’aggravation du chômage infirmier tiennent une bonne place. Au conseil régional, ce sont plutôt des préoccupations d’ordre financier qui ont au centre des discussions. « Nous avons pointé du doigt la précarisation des ESI, les inégalités territoriales en matière de bourses et les échecs, parfois, de l’universitarisation de la formation », rapporte Merlin Descours, l'un des leaders régionaux du mouvement. Un étudiant ravi d’annoncer l’alignement, dès septembre, des bourses régionales de PACA avec celles du Crous qui étaient, jusque là, largement plus élevées.
Conditions de vie étudiante
Ces sujets sont au centre des préoccupations de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi), dont les représentants ont été reçus au ministère. « Nous avons bénéficié d’une oreille plutôt attentive », commente Karina Durand, la présidente, qui se réjouit que le bras de fer instauré par la FHP permette finalement de mettre à plat un grand nombre de points sensibles liés aux conditions de vie étudiantes. Elle parle même d’ "avancées énormes ».
Mais, si le ministère et la Fédération hospitalière de France (FHF) affirment que 100% des quelque 9300 étudiants infirmiers sans stage ont pu être replacés, notamment dans le secteur public, nombre d'entre eux étaient encore sans solution à Marseille. « Si on n’arrive pas à nous recaser, il y aura des moyens de substitution, mais on ne sait pas encore quoi », raconte Amina, étudiante en 2e année à l’Ifsi Sainte-Marguerite (AP-HM), qui devait commencer son stage dans une clinique le 10 mars. Son amie Audrey, sans stage également, déplore le manque de communication au sein de leur Ifsi. « On nous a annoncé la nouvelle il y a seulement trois semaines et maintenant, on nous dit que si nous restons sur le carreau, on nous fera faire des exercices sur table, même pas de la pratique! », dénonce-t-elle, un brin désabusée.
La qualité des stages remise en cause
En 3e année, Kassandra est là par solidarité car, à Marseille, il semble bien que tous les étudiants de dernière année aient pu être placés en stage. « Cela a été la priorité, pour nous permettre de pouvoir obtenir notre diplôme. Mais du coup, nous sommes très nombreux sur chaque lieu de stage et ça entraîne des difficultés pédagogiques », relève-t-elle. Ainsi, dans un service de psychiatrie marseillais, ils seraient 10 à se partager les patients et les formateurs. Une situation qui alarme la Fnesi : « Nous sommes sceptiques sur la qualité des stages », a confié Karina Durand à l’APM. Si la situation ne s'améliore pas, l'association appelle à une manifestation nationale le 13 mars.
Texte et photo: Laure de Montalembert