Alors qu’un livre blanc met à mal le suivi des traitements, le Syndicat national des professionnels infirmiers met en avant le rôle des IDE dans l'éducation des patients.
Ce sont des chiffres pour le moins surprenants. Un patient sur deux en France, souffrant d’une maladie chronique, ne respecte pas son traitement. Et pour certains médicaments qui préviennent le risque mortel, tels que les antirétroviraux, l’observance ne dépasse pas les 80%! "Cela me choque que des patients qui ont subi une lourde opération, qui leur a sauvé la vie, ne prennent pas rigoureusement leur traitement antirejet”, s’indigne Kelvin Dolgin, président d’Observia, un opérateur de services e-santé, co-auteur avec la Fondation Concorde du Livre blanc de l’observance thérapeutique, publié en mars.
8 000 décès par an
Et c’est d’autant plus étonnant que les conséquences médicales et économiques sont désastreuses. On estime ainsi le nombre de journées d’hospitalisation induites chaque année à un million, le nombre de décès liés à 8 000, et un coût qui s’élève à 2 milliards d’euros. Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’efficacité des interventions favorisant l’observance peut, dès lors, avoir un impact bien plus important que n’importe quelle découverte médicale.
Les causes de la non-observance sont vastes : simple oubli, confusion, lassitude, intolérance ou remise en question du traitement. Le rapport pointe ainsi des niveaux d’angoisse “extrêmes” chez le patient, qui s’interroge sur sa maladie, sur l’intérêt du médicament, sur son efficacité. Des questions qui restent le plus souvent sans réponse. “Les médecins ont peu de temps pour expliquer le traitement à leur patient. Ils ont tendance à sous-estimer ce problème. Il faudrait qu’ils soient davantage formés à la psychologie médicale”, estime Kelvin Dolgin.
Logique industrielle
Pour le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), « ce livre blanc montre à quel point l’éducation thérapeutique et l’accompagnement infirmier sont importants ». “Le rôle des infirmières est justement d’expliquer aux patients leur traitement afin qu’ils le prennent correctement, relève Thierry Amouroux, le secrétaire général du syndicat. Elles connaissent l’histoire de la maladie, le ressenti du patient, et ont donc les bons arguments pour les convaincre. Malheureusement, nous avons de moins en moins de temps pour réaliser ce travail d’écoute car nous sommes dans une logique industrielle.”
Pour l’heure, des programmes de téléobservance ont été mis en place. A l’hôpital de la Timone, à Marseille, le taux de suivi du traitement a augmenté de 40% chez les patients qui ont reçu une relance par SMS. Mais cela suffira-t-il à remplacer le dialogue soignant-patient?
Concepcion Alvarez
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