26/03/2014

Le long chemin vers les pratiques avancées

Organisés par trois syndicats professionnels(1) le mardi 25 mars à Paris, les 3e Etats généraux infirmiers ont évoqué les freins et perspectives du développement des compétences infirmières.

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Bénévole, religieuse, technicienne... Héritière d'un lourd passé, l'infirmière souffre encore d'un manque de reconnaissance. A l'heure où le vieillissement de la population, la croissance des malades chroniques et les restrictions financières rendent nécessaire l'évolution d'un système de santé médico-centré, les infirmières veulent être reconnues « comme des acteurs à part entière », a insisté Didier Borniche, président du conseil national de l'Ordre (à droite sur la photo).

Pour ce dernier, la création d'une filière infirmière complète se heurte aux « inquiétudes liées au changement » et à un manque de soutien des autorités de tutelle. « Il n'y aucun frein administratif à l'universitarisation de la filière infirmière, a affirmé Michèle Lenoir-Salfati, adjointe au sous-directeur des RH et du système de santé à la DGOS (à gauche sur la photo). La réforme date de 2009, les premières diplômées sont sorties en 2012, c'est très récent. Nous y allons, mais il faut d'abord un modèle qui le permette », a-t-elle relevé, soulignant les appréhensions de la profession vis-à-vis d'une intégration complète à l'université, synonyme d'une « perte d'autonomie ».

Le décret d'actes, entre « protection » et « enfermement »

Plébiscitée ces dernières années par de nombreux rapports parlementaires, la création de métiers intermédiaires peine à aboutir. Didier Borniche et Michèle Lenoir-Salfati s'accordent sur un point : les protocoles de coopération issus de l'article 51 de la loi HPST ne suffisent pas. « Ils modifient l'exercice de façon dérogatoire mais pas le champ des compétences de l'infirmière », a relevé Michèle Lenoir-Salfati.

Pour cette dernière, la structuration de la profession en décrets d'actes est à la fois une « protection » et un « enfermement ». « Si on veut ajouter un acte, il faut concerter, saisir l'académie de médecine et passer un décret en conseil d'Etat. Ça prend un an», a-t-elle souligné, citant l'exemple de la prescription de sérum physiologique par les infirmières, qui n'a toujours pas abouti.

"On a mis la charrue avant les boeufs"

La Stratégie nationale de santé, qui devrait être précisée par la ministre dans les prochaines semaines, et la future loi de santé remédieront aux insuffisances des transferts de compétences et créeront le métier d'infirmière clinicienne en cancérologie, prévu par le 3e Plan cancer. La DGOS planche sur la légalisation d'une pratique avancée de chaque profession paramédicale, reposant sur des missions de santé, a annoncé Michèle Lenoir-Salfati. Les compétences, formations nécessaires, modes d'exercice, modèles économiques, statuts et besoins devront être définis avec les représentants des différentes professions. "En créant d'abord des masters spécialisés, on a mis la charrue avant les boeufs", a-t-elle estimé.

Aveline Marques


1- Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC), Syndicat national des infirmiers et infirmières éducateurs de santé (Snies), Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil).

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