Plus de 200 000 femmes avortent chaque année en France. Le Planning familial lance une campagne pour lutter contre la stigmatisation de l'IVG.
« Confort », « accident », « irresponsable », « coupable »... Légalisé par la loi Veil de 1975, l'avortement est un droit qu'il faut encore défendre. Dans un contexte international de « régression », le Planning familial veut en finir avec les « IVG cachées, la culpabilisation des femmes et la maltraitance de la part de certains professionnels ». « Le regard porté sur l'avortement est tel que c'est un tabou de dire " j'ai avorté et je vais bien " », dénonce Véronique Séhier, co-présidente de l'association. La disparition de la condition de détresse dans la loi, en janvier dernier, a été une « première étape ». Reste à « libérer la parole » des 220 000 femmes qui avortent chaque année en France.
Délai de prise en charge
Sur un site internet dédié, lancé la semaine dernière, les femmes concernées sont encouragées à raconter, à visage découvert ou préservées par l'anonymat, leur expérience de l'IVG, qu'elle soit bonne ou mauvaise, dramatique ou libératrice. Le Planning familial invite également ces dernières, mais aussi leurs proches et les professionnels les ayant accompagnées, à répondre à une enquête sur leur parcours de soins. Objectif : révéler au grand jour les difficultés d'accès à l'IVG et à l'interruption médicalisée de grossesse (IMG).
« Idéalement, les femmes devraient avoir un rendez-vous dans la semaine qui suit leur demande. Mais, parfois, elles doivent attendre deux ou trois semaines », développe Véronique Séhier. D'autres sont contraintes de s'adresser à plusieurs établissements avant de pouvoir décrocher un rendez-vous, alors que le temps leur est compté. Parce qu'elles ont dépassé le délai légal d'avortement, fixé en France à 14 semaines d'aménorrhée, 3000 à 4000 femmes partent chaque année se faire avorter à l'étranger, notamment aux Pays-Bas, où le délai légal est de 22 semaines.
Une centaine de centres fermés
« Ces difficultés d'accès sont liées aux restructurations hospitalières, qui ont conduit à la fermeture de centres de proximité », pointe la gynécologue-obstétricienne Danielle Gaudry, responsable de la commission avortement au Planning familial. En dix ans, plus d'une centaine de centres IVG auraient disparu. A cela s'ajoute de nombreuses fermetures de maternités, où se pratiquaient l'IVG chirurgicale.
A travers ce site, l'association exhorte les visiteurs du site à devenir les « sentinelles » du droit à l'avortement sur Internet, largement investi par les anti-IVG.
Aveline Marques
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