Appel Médical publie son 3e baromètre annuel des salaires de la santé. La progression de la rémunération des infirmières intérimaires est poussive, mais leur sort reste enviable par rapport au reste de la profession.
Pour prendre la température des salaires d’une profession, rien de mieux que de se pencher sur les rémunérations des intérimaires. Ces derniers travaillent sur des missions courtes, et les fluctuations du marché du travail influent davantage sur leur paie. C’est ce qui fait tout l’intérêt du baromètre publié ce mois-ci par Appel Médical, le leader français du travail temporaire dans le secteur de la santé. L'analyse porte sur plus de 550 000 bulletins de salaire dans 12 métiers, du docteur en pharmacie à l’auxiliaire de puériculture et à l’ASH, en passant par l’IDE, l’Iade et l’Ibode.
Un salaire en hausse de 1,4%
Des trois catégories d’infirmières intérimaires concernées par l’étude, seules les IDE ont vu leurs revenus progresser entre 2012 et 2013 (un peu) plus vite que l’inflation, qui s’est établie à 0,9% pour l’année 2012 : avec une croissance de 1,4%, elles voient leur pouvoir d’achat progresser de 0,5 point. Les Ibode (rémunération en hausse de 0,7% par rapport à 2012) et les IADE (+0,4%) perdent, respectivement, 0,2 et 0,5 point de pouvoir d’achat. Les progressions sont loin de celles constatées pour les deux professions paramédicales placées en tête du classement de l’Appel Médical : les préparateurs en pharmacie (+4,1%) et les techniciens de laboratoire (+2,4%).
Les infirmières ont été désavantagées par les contraintes budgétaires auxquelles font face les établissements de santé, explique l’étude de l’Appel Médical. De plus, des événements spécifiques ont pesé sur certaines catégories de soignantes. Par exemple, les IDE ont souffert de l'abondance de candidates sur le marché du travail, liée à la sortie de deux promotions d’infirmières en 2012. Les Ibode ont, quant à elle, subi la concurrence « des infirmiers en soins généraux espagnols et portugais, désormais formés aux compétences du bloc et opérationnels », d’après le géant de l’intérim.
Tensions pénuriques sur les métiers du bloc
Côté salaire, les infirmières intérimaires connaissent des sorts divers, mais globalement favorables. Les IDE employées par Appel Médical ont gagné, en moyenne, 2 185 euros brut par mois (hors congés payés, indemnités de fin de mission et primes variables), ce qui les situe environ au 7e échelon de la fonction publique hospitalière (15 ans d’ancienneté).
Le salaire moyen des Ibode intérimaires est beaucoup plus intéressant : avec 3 131 euros brut par mois, elles se trouvent environ 300 euros au-dessus du grade le plus élevé pour une Ibode dans la fonction publique hospitalière. Et les Iade intérimaires sont encore mieux loties : avec une rémunération de 3 821 euros brut par mois, elles gagnent environ 1 000 euros de plus que ce que peut espérer gagner la plus ancienne des Iade à l’hôpital public.
Une situation paradoxale, car les intérimaires doivent normalement être rémunérées au même niveau que les titulaires. Interrogé par Espaceinfirmier.fr, Christophe Bougeard, directeur général d'Appel Médical, explique que ces disparités, qui ne sont pas nouvelles, sont dues à « des tensions pénuriques extrêmement fortes sur les métiers du bloc, notamment en Ile-de-France, où sont concentrés la moitié des blocs opératoires ». Moralité : si les intérimaires ne gagnent pas sensiblement plus qu’en 2012, elles restent mieux loties que le reste de la profession.
Adrien Renaud
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