Lancée hier sur internet, une pétition appelle tous les professionnels de santé à s'unir autour de revendications communes et à descendre en masse dans la rue pour se faire entendre, comme en 1988.
Le 13 octobre 1988, 100 000 infirmières manifestaient à Paris. Une mobilisation inédite depuis, alors que les conditions de travail se sont dégradées. « Aucun syndicat, aucune association n'a réussi à mobiliser les soignants », constate Pauline, aide-soignante dans le Sud-Ouest de la France. Convaincus que l'union fait la force, Pauline et Adrien, infirmier, viennent de lancer un appel national à « une grande mobilisation », réunissant tous les « acteurs de la chaîne de soins », libéraux ou hospitaliers, de l'ASH au chirurgien, en passant par les pharmaciens ou encore les ambulanciers.
Si chaque profession porte ses propres revendications, « le mécontentement est général, lance Pauline. On est tous dans la même galère. Aucun soignant ne vous dira qu'il est satisfait du système de santé actuel ou de ses conditions de travail. Les budgets sont insuffisants et les réformes ne sont pas bonnes. La santé ne peut pas être gérée comme une industrie. »
Des états généraux de la santé
Diffusé sur internet sans tambour ni trompettes, « L'appel des 100 000 » a déjà convaincu plus de 800 soignants en à peine deux jours. « C'est un appel neutre, qui peut être relayé par toutes les organisations, syndicats et associations de toutes les professions », développe l'aide-soignante. Les partis politiques sont, en revanche, priés de se tenir à l'écart.
Les signataires de l'appel « s'engagent à faire grève et à manifester » dès que la barre des 100 000 sera atteinte, pour réclamer l'organisation d'états généraux de la santé, seuls aptes à restaurer le dialogue entre le gouvernement et le «terrain ». « Si on dit aux soignants " on est 100 000 ", ils viendront », espère Pauline.
Aveline Marques