Le Leem a passé au crible 180 ruptures de stock déclarées en 2012-2013. Un phénomène croissant, qui s'explique par la mondialisation d'une chaine de fabrication de plus en plus complexe.
Esidrex ®, Lévothyrox® ou encore Digoxine®... Si les ruptures de stock de médicaments ne sont pas nouvelles, elles se sont multipliées ces dernières années. Entre septembre 2012 et octobre 2013, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) en a recensé 324. En 2013, plus de 200 ruptures ou risques de rupture de médicaments indispensables (1) ont été comptabilisées, contre 44 en 2008.
28% de médicaments indispensables
Pour mieux appréhender ce « phénomène croissant », le Leem (Les entreprises du médicament) a mené l'enquête auprès de 90 laboratoires (princeps, génériques, vaccins...) ayant effectué 180 déclarations de rupture sur cette même période. Les ruptures ont duré, en moyenne, trois mois (94 jours) et jusqu'à 13 mois pour certains médicaments. « Il n'y a pas une cause bien identifiée, mais un faisceau de causes », révélateur d'une chaine du médicament « complexe » et mondialisée, relève Philippe Lamoureux, directeur général du Leem. « La fabrication d'un médicament dure minimum 4-5 mois et jusqu'à un an, voire plus pour les vaccins. Les étapes sont nombreuses et les risques de ruptures aussi», pointe Christophe Ettviller, président du groupe de distribution.
Selon l'enquête du Leem, les ruptures ont été provoquées, à 33%, par une défaillance dans la production (problème technique, de qualité...), à 28% par une augmentation des ventes et à 16% par l'indisponibilité de la matière première, principalement produite en Chine ou en Inde. Le conditionnement (8%) et la rupture de stock d'un concurrent (6%) sont également en cause.
L'hôpital davantage touché que la ville
Les 180 ruptures passées au crible ont concerné des médicaments indispensables à hauteur de 28%. Toutes les classes de médicaments peuvent être touchées. Les traitements hormonaux ont représenté 33% des déclarations, suivis par les anti-infectieux, les anti-cancéreux et les médicaments agissant sur le système nerveux central (16% chacun). Les médicaments utilisés à l'hôpital ont constitué 32% des ruptures, contre 27% pour ceux vendus en officine ; 41% des ruptures ont touché aussi bien la ville que l'hôpital.
Aveline Marques
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1- Les médicaments indispensables sont utilisées pour le traitement des pathologies graves, aiguës ou chroniques, dont l'interruption peut entraîner une perte de chance pour le patient.