Un colloque organisé par l'Institut droit et santé de l'Université Paris-Descartes a réuni, le 21 mai, juristes et soignants autour des liens entre réseaux sociaux et santé. L'occasion de souligner les apports de ces nouveaux outils de santé publique.
« Aujourd'hui, on essuie les plâtres, mais tout sera bientôt standardisé », prévoit Guy Fagherazzi, épidémiologiste à l'Inserm (1). Lors du colloque « Réseaux sociaux et santé », le jeune chercheur a présenté l'étude qu'il conduit actuellement grâce aux réseaux sociaux. Baptisée E4N, elle a pour but d'identifier les causes d'apparition des grandes maladies en suivant différents membres d'une même famille sur plusieurs générations. Dans ce cas précis, les participants sont recrutés et fidélisés grâce à Twitter et Facebook, qui figurent parmi les réseaux sociaux les plus utilisés en France.
La relation patient/soignant bouleversée
Le recours aux réseaux permet de réduire les coûts liés au recrutement, mais aussi de faciliter la création de communautés de participants et le partage d'informations. Déjà utilisés au Canada, aux États-Unis ou encore en France avec l'étude I-Share, consacrée à la santé des étudiants, les réseaux sociaux sont à la fois un outil de surveillance sanitaire - ils permettent, par exemple, de suivre l'évolution d'une épidémie de grippe- et un outil de communication.
Pour Lydia Morlet, maître de conférence à Paris-Descartes, qui a ouvert le colloque, ils peuvent même « bouleverser la relation patient/soignant » en rendant le patient plus actif et en améliorant les échanges. Version moderne des groupes de paroles, les réseaux sociaux permettent de s'informer en amont d'une consultation, pour la préparer, mais aussi en aval, pour compléter éventuellement les informations obtenues.
Risques
Afin de pallier les risques – désinformation, manque de confidentialité – présentés par Twitter ou Facebook, les réseaux professionnels, fermés et mis en place par les soignants eux-mêmes, sont en pleine expansion. Docatus, fondé par le cardiologue Fabien Guez et destiné aux professionnels de santé, compte, par exemple, 22 000 adhérents. Le site Patientsworld, pensé par Denis Granger pour les patients, réunit, quant à lui, plus d'un million d'utilisateurs. Fonctionnant comme un réseau social à part entière, où l'on crée, partage et commente du contenu, il collabore avec plusieurs CHU et a développé plusieurs applications mobiles. De plus en plus nombreuses, celles-ci feront l'objet d'une autre conférence, organisé le 26 juin prochain.
Charlie Vandekerkhove
1- Institut national de la santé et de la recherche médicale.