C’est la polyvalence désormais exigée qui a poussé la centaine d’infirmières et d’Ibode et les 80 aides-soignantes des blocs de cet établissement flambant neuf – le
déménagement « réussi » s’est achevé le 23 mai – à se mettre en grève. À l’arrivée sur le site de Purpan, l’équipe bloc d’urgences dédiée qui, selon la direction,
« conjuguait de multiples contraintes », a été dissoute. Mais, après un mois de fonctionnement, la mutualisation des équipes (neurochirurgie, traumato-orthopédie, digestif, ophtalmologie…) sur les blocs d’urgences ne passe pas. Les personnels ont peur de faire des erreurs à défaut de connaître tous les matériels, le contenu des boîtes, ou encore les usages propres à chaque spécialité.
Réalité du terrain
L’absence de formation spécifique, le manque de temps pour s’approprier le nouveau bâtiment et la nouvelle organisation, la sous-estimation du taux d’activité ou encore les difficultés logistiques – éloignement de la réserve, couloirs interminables contraignant les soignants à cavaler… – sont, par ailleurs, dénoncés par le personnel en grève. « On y allait pas à reculons », souligne, pourtant, une IDE du bloc chirurgie maxillo-faciale. « On joue notre diplôme tous les jours », renchérit l’une de ses collègues.
À l’issue d’une réunion de concertation le 17 juin avec les représentants syndicaux, la direction du CHU a proposé un nouveau scénario afin de « partager les contraintes » et de « constituer une équipe d’urgences qui arrive à fonctionner pour améliorer les conditions de travail et assurer la sécurité des patients ». Les personnels doivent se prononcer sur cette nouvelle organisation. Un travail sur la logistique est aussi en cours pour « mieux organiser les réserves, améliorer les circuits… ». La direction du CHU rappelle, toutefois, qu’« un hôpital neuf doit toujours être testé à la réalité du terrain ».
Sous-effectif?
La question d’effectifs supplémentaires figure aussi sur la liste des revendications. « La direction du CHU va revoir le recours à la polyvalence mais sans effectifs, cela n’est pas possible », explique Julien Terrié, représentant syndical CGT. De son côté, la direction affirme que les effectifs des blocs de l’hôpital Pierre-Paul Riquet sont adaptés aux besoins et « supérieurs aux recommandations de l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) ».
Texte et photo: Danielle Julié