Accompagnées par des outils, les quatorze Ehpad et résidences du Centre d'action sociale de la ville de Paris (CASVP) s'engagent dans une démarche qualité qui bénéficie tant aux résidents qu'aux soignants.
En Ehpad, la qualité ne peut se résumer à un seul slogan. Les retours d'expérience partagés lors du séminaire du 27 juin entre les Ehpad et résidences du CASVP rappellent la complexité d'une notion qui se décline sous de multiples facettes (accueil, soins, accompagnement, animation…), mais qui a pour objectif unique la qualité de vie des résidents.
«La durée moyenne de séjour est de quatre ans. C'est dire l'importance de la qualité du lieu de vie de ces résidents fragiles et vulnérables - la moyenne d'âge est de 88 ans et les deux tiers sont atteints de la maladie d'Alzheimer. 70 % des résidents perçoivent l'aide sociale », souligne Alice Casagrande, directrice adjointe en charge de la qualité, de la gestion des risques et de la promotion de la bientraitance auprès de la direction santé autonomie- Croix Rouge française.
Anticiper les besoins
Les Ehpad et résidences sont engagés dans un processus d'amélioration continue, s'appropriant des outils qui harmonisent et sécurisent les pratiques. La mise en place de protocoles en est la première étape. Fruits de la réflexion des équipes et de la mise en oeuvre des bonnes pratiques et recommandations, ils homogénéisent et standardisent les soins, dans le respect du projet de vie du résident. «Les protocoles réduisent les dysfonctionnements, ils permettent également de nous réapproprier des étapes de la vie du résident. Ainsi, autrefois assurée par les pompes funèbres, la toilette mortuaire est prise en charge par les agents de l'Ehpad, qui connaissent les goûts vestimentaires du résident et les petites choses qui adouciront le deuil des familles », constate Sylvie Rapin, infirmière de l'Ehpad Le Cèdre bleu, qui a réactualisé quatre protocoles -décès, fugues, admission, consentement aux soins, avant le déploiement le dossier informatisé du résident (DIR), prévu en 2015.
Aujourd'hui déployé dans dix Ehpad, le DIR constitue la forme la plus aboutie de la démarche qualité. «L'un de ses avantages est d'être un support évolutif qui permet d'anticiper les besoins des soignants et d'envisager des extensions à la télémédecine ou au Pôle d'activités et soins adaptés (Pasa), par exemple», relève Stéphanie Mahieux, infirmière du bureau des Ehpad mission DIR.
Des outils parfois vécus comme contraignants
Facteur de cohérence et de transparence dans la prise en charge du résident, le DIR introduit de la transversalité dans l'établissement. Un lien entre l'équipe d'animation et l'équipe de soins peut ainsi déceler un « glissement » éventuel du résident vers une pathologie. Cette prise en compte pluridisciplinaire de la vie du résident est un facteur essentiel de l'évolution de la démarche qualité. Cela permet de faire remonter les événements indésirables, tout comme elle facilite l'arbitrage dans l'évaluation bénéfice-risque de certaines situations.
Pour autant, les différents outils de la qualité sont souvent vécus comme contraignants par les équipes. Avant qu'elles n'en perçoivent les bénéfices. Comme Vanessa Marguerie, aide-soignante de l'Ehpad Annie-Girardot : « La qualité nous entraîne dans une dynamique de bienveillance à l'égard des résidents, qui est perçue par les familles. Elle valorise nos métiers, nous sommes écoutés par les médecins et les autres professionnels. La bientraitance des résidents signifie aussi la bientraitance des soignants. »
Marie Luginsland
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