En moyenne, un patient disposant d'une prescription d'IRM lombaire pour suspicion de métastases doit attendre plus de 37 jours pour passer l'examen, contre 30 en 2013.
Bientôt, on mettra plus de temps à obtenir une IRM qu'un rendez-vous de dermatologue ou d'ophtalmologiste dans les déserts médicaux. C'est ce que pointe le rapport 2014 publié début juillet par Imagerie santé avenir (ISA), une association de professionnels de l'imagerie médicale. La simulation réalisée par téléphone concernait, pourtant, des cas d'urgence oncologique. De là à penser que la notion d'urgence est passée à la trappe, il n'y a qu'un pas...
Très Basse-Normandie
"Aucune région à forte densité de mortalité par cancer ne passe sous la barre des 30 jours d'attente, à part le Nord-Pas-de-Calais, avec un score de 26,3 jours"; ce qui est déjà considérable quand on connaît les conséquences que peuvent avoir les retards de diagnostic des pathologies cancéreuses. Au sommet de la courbe, la Bretagne, l'Alsace et la Lorraine atteignent une moyenne de 50 jours, largement dépassées par le triste vainqueur de ce palmarès : la Basse-Normandie, qui culmine à 64 jours.
Le rapport a, tout de même, repéré quelques "bons élèves", dont les régions Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Paca: leurs délais ont diminué de 1 à 2 jours depuis l'année dernière. Cependant, l'Ile-de-France, réputée médicalement bien dotée, a vu ses délais rallongés de 22,6 à 30 jours depuis 2013.
En dessous de la moyenne européenne
Il semblerait que le sous-équipement soit en cause. Par million d'habitants, il y a 10,7 machines à IRM en France. Or, les indications de cet examen n'ont cessé de s'étendre ces dernières années. Les domaines des maladies cardiaques et de l'urologie sont désormais de grands prescripteurs. Pour le Pr Frank Boudghène, président de la Fédération de l'imagerie du cancer, interrogé par l'AFP, "nous sommes largement en dessous de la moyenne européenne", qui se situerait aux alentours de 20 appareils par million d'habitants. Or, "avec 365 000 nouveaux cas de cancer par an et une file active de plus d'1 million de patients sous traitement", il estime le nombre de machines bien insuffisant.
Pour l'ISA, seul un doublement du nombre d'appareils en service permettrait d'améliorer les délais. Des délais qui sont, en moyenne, supérieurs de 17 jours à ceux déterminés par le Plan cancer 2014. Une éternité pour des malades rongés par l'inquiétude.
Laure de Montalembert
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