04/08/2014

Les infirmières dans la Grande guerre - 4/4

L'infirmière et l'officier, un couple mythique

À la faveur de la guerre, des relations amoureuses se sont nouées entre les blessés et celles qui prenaient soin d’eux. S’inspirant de son expérience, l’écrivain Ernest Hemingway a brossé, dans L’Adieu aux armes, le portrait d’une infirmière incarnant bien des rêves de soldats.

Ernest HemingwayC’est en juillet 1918, à l’hôpital de la Croix-Rouge américaine de Milan, que débute la romance entre Ernest Hemingway et Agnes Von Kurowsky. Ambulancier rattaché à l’armée italienne, le futur géant de la littérature américaine a été blessé aux jambes par un obus de mortier. Âgé de 18 ans, il entame sa convalescence dans un hôpital de l’arrière.
Agnes Von Kurowsky, 26 ans, est également Américaine. Cette jeune femme, qui travaillait dans une librairie, est devenue infirmière
de la Croix-Rouge pour donner un cours plus aventureux à sa vie.

Le jeune Hemingway rentrera d’Italie avec deux traumatismes : sa blessure, qui hantera nombre de ses écrits, et la déception de son premier grand amour. Alors qu’il voulait l’épouser, Agnes, qui le juge immature, le quitte en 1919 pour un officier italien.

Une infirmière ensorceleuse

En 1927, l’écrivain se nourrit de cet épisode de sa vie pour son troisième roman. L’adieu aux armes raconte le destin de Frederic Henry, engagé
dans les services sanitaires de l’armée italienne. À proximité du front,
il fait la connaissance d’une infirmière écossaise à la beauté saisissante et à la folie douce et ensorceleuse. L’ambulancier américain succombe au charme de Catherine Barkley. Blessé à la jambe lors d’une offensive, le jeune homme est évacué vers l’arrière. A l’hôpital de Milan, il a l’agréable surprise de retrouver Catherine, qui a changé d’affectation et lui prodigue des soins rapprochés. Une fois guéri, il repart sur le front et se retrouve pris dans le chaos de la retraite de l’armée italienne. Confronté à la police des armées fusillant les officiers séparés de leur troupe pendant la débâcle, Frederic sauve sa vie en désertant. Il retrouve Catherine pour tenter de fuir en Suisse : il risque à tout moment d’être exécuté.

Des interventions nimbées d'un flou romantique

Agnes Von Kurowsky L’adieu aux armes est un grand roman de guerre et d’amour. Catherine a    emprunté certains traits d’Agnes, mais l’écrivain a décidé qu’elle resterait,    elle, fidèle à son amant. Alors que les gestes des médecins et des  infirmières prenant en charge Frederic sont décrits avec le langage précis  qu’affectionne Hemingway - débridage de la plaie, opération, toilettes -,  les interventions de Catherine, qui est pourtant son infirmière attitrée, sont  nimbées d’un flou romantique.

 La seule allusion que fait le couple à la santé de Frederic prend les allures  d’un dialogue surréaliste, où les répétitions semblent faire office de  langage codé célébrant l’amour. L’infirmière admire la constance de la  courbe de température de celui qu’elle considère comme son mari. Rien  n’affecte Catherine Barkley, ni la mort qui rôde, ni sa grossesse non  souhaitée, ni la fuite à laquelle elle se trouve contrainte. Personnage, idéal,  elle échappe à la la guerre et à ses horreurs, glissant sur un nuage de  rêverie et d’amour.

 Marie-Capucine Diss
 


Photos, de haut en bas:
- Toulouse, hôpital Saint-Agne, groupe d'infirmières et de blessés/André Roussel. Historial de la Grande Guerre – Péronne (Somme).© Yazid Medmoun.
- Courtesy of the Hemingway Foundation [CC-BY-SA-2.5 (http://creativecommons.org/licenses/by-sa/2.5)], via Wikimedia Commons.
- Ernest Hemingway Photograph Collection, John F. Kennedy Presidential Library and Museum, Boston.

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