Selon une enquête publiée par la Dares, 42% des infirmiers travaillent de nuit. Si ce rythme présente des avantages salariaux, il rend aussi les conditions de travail beaucoup plus difficiles.
Qu'ils soient hommes ou femmes, avec ou sans enfant, 3,5 millions de salariés français travaillent de nuit, de façon régulière ou occasionnelle, rapporte une enquête sur le travail de nuit en 2012, que vient de publier la Direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares). Cette étude, réalisée en France métropolitaine et basée sur les enquêtes « Emploi » menées par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), considère qu'une personne travaille de nuit quand sa période de travail se situe, même partiellement, entre minuit et 5 heures du matin. La définition juridique du travail de nuit recouvre, quant à elle, une plage horaire plus large : entre 21 heures et 6 heures du matin.
Le travail de nuit, répandu en particulier dans le secteur tertiaire, concerne un tiers des salariés de la fonction publique et 42% des entreprises privées de services. Parmi eux, 202 000 infirmiers et sages-femmes, selon le rapport. Ces derniers se classent, d’ailleurs, en troisième position des cinq familles professionnelles comptant le plus de travailleurs de nuit, derrière les conducteurs de véhicules et les salariés de l’armée, de la police et des pompiers, et avant les aides-soignants.
Pression plus forte
La nuit, le salaire est plus élevé, mais les conditions de travail nettement plus difficiles : les salariés travaillant de nuit sont soumis à des facteurs de pénibilité physique plus nombreux et à une pression temporelle plus forte. Ils ont également plus souvent le sentiment qu’une erreur de leur part pourrait avoir de graves conséquences et sont davantage confrontés à des personnes en détresse, à des tensions ou même à des agressions.
À métier équivalent, la plus grande pénibilité du travail de nuit est donc largement confirmée par cette étude. La Dares cite, notamment, le Centre international de recherche sur le cancer (Circ), qui a classé le travail posté de nuit comme probablement cancérogène pour l’homme sur la base de résultats montrant l’apparition de tumeurs chez les animaux aux rythmes circadiens perturbés, mais également d’études menées sur les infirmières et les hôtesses de l’air et qui montrent une augmentation du risque de cancer du sein chez les femmes travaillant la nuit.
Charlie Vandekerkhove
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