À quelques jours de la Journée mondiale de prévention du suicide, le 10 septembre, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) décrète « l’état d’urgence mondial ».
Dans le monde, plus de 800 000 personnes se donnent la mort chaque année. Un chiffre sûrement en deçà de la réalité : le suicide restant un sujet sensible, certains pays n’ont pas de données précises sur cette mortalité évitable. Le premier rapport que consacre l'OMS à cet enjeu majeur de santé publique dresse un bilan complet de la situation et donne des pistes pour améliorer la prise de conscience globale. « L’impact du suicide sur les familles et sur les proches est profondément dévastateur. (…) Le tabou et la stigmatisation qui lui sont associés perdurent », regrette Margaret Chan, directrice générale de l’OMS.
Les plus de 70 ans sont les plus touchés
À l’échelle mondiale, le taux de suicide standardisé s’établit à 11,4 pour 100 000 habitants, avec une différence importante entre les sexes. 8 femmes sur 100 000 se sont suicidées en 2012, contre 15 hommes sur 100 000. Dans les pays riches, cet écart est encore plus fort : les hommes sont 3,5 fois plus nombreux que les femmes à se donner la mort. De façon générale, les plus de 70 ans sont les plus touchés, mais le suicide est la deuxième cause de décès chez les 15-29 ans, après les accidents de la route. Les méthodes les plus courantes sont l’ingestion de pesticides, la pendaison et les armes à feu.
L’OMS plaide pour une meilleure prévention, qui doit passer par une approche multisectorielle (santé, mais aussi éducation, emploi, protection sociale et justice) et des stratégies nationales. Toutefois, les professionnels de santé peuvent inscrire leur pratique quotidienne dans les trois axes de prévention dégagés par le rapport (stratégie de prévention universelle, sélective et indiquée).
La vigilance des soignants
On pourra, ainsi, garder à l’esprit que les témoins de catastrophes naturelles ou de conflits sont plus vulnérables, tout comme les personnes qui ont été déplacées géographiquement ou qui se trouvent acculturées. De même, les victimes de traumatismes, d’abus et de discrimination constituent des groupes à risque.
Sur le plan individuel, des antécédents de tentative de suicide, des troubles mentaux, une consommation excessive d’alcool ou de substances psychotropes sont à considérer comme des facteurs de risque. Les personnes isolées, déprimées, qui font face à une perte d’emploi ou à des difficultés financières doivent également faire l’objet d’une attention particulière. Enfin, les patients atteints de maladie chronique et/ou sujets à la douleur (notamment ceux qui sont atteint de cancers, du VIH-Sida et de diabète) ont plus de risques de connaître des envies suicidaires.
Transmettre des informations, rassurer les patients et leur famille sur leur légitimité à demander de l’aide, limiter l’accès aux moyens de suicide des personnes à risque et faciliter leur parcours de soins peuvent constituer une petite pierre à apporter à l’édifice global de prévention du suicide.
Lisette Gries
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