Troubles bipolaires, dépression, schizophrénie… Si on entend souvent leur nom, on connaît mal ces maladies et leurs conséquences. À l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, ce vendredi 10 octobre, les Mad Days, organisés à Paris, visent à changer le regard sur ces pathologies grâce à l’art.
Elles touchent une personne sur cinq à un moment ou un autre de sa vie et elles figurent au 3e rang des affections les plus fréquentes, après le cancer et les maladies cardio-vasculaires. Les maladies psychiques représenteront même, à l'horizon 2020, la première cause de handicap dans le monde, selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé. Elles n'en sont pas moins des pathologies mal connues et considérées comme honteuses.
C'est pourquoi, à l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, célébrée ce vendredi 10 octobre, une série d'événements culturels et festifs est organisée à Paris. Aujourd'hui et demain, les Mad Days se donnent pour mission d'informer sur les maladies psychiques et d'en montrer la réalité grâce à l'art. Plusieurs grands musées parisiens proposent, ainsi, des parcours spécifiques. Le centre Malesherbes de l'université Paris-Sorbonne (17e), où les Mad Days ont établi leur QG, accueille, quant à lui, une exposition de graffitis réalisés par des patients hospitalisés en psychiatrie, de la musique, des projections de films, dont La Morsure de la folie, qui raconte la lutte de Corentin, adolescent maniaco-dépressif, et de ses proches, isolés par la maladie.
« Rompre la solitude »
Pour changer le regard sur les maladies psychiques, dont elle a elle-même souffert, Anne Betton a choisi la photographie. Cette trentenaire passée par l'école Boulle, spécialisée dans les arts plastiques, explique y être arrivée par hasard. « Pour retisser des liens avec le monde extérieur, et parce qu'il n'y avait plus de place en dessin, je m'étais inscrite à un cours de photo. Le déclic s'est produit avec Sophie, une amie hospitalisée : alors que je lui rendais visite, j'ai décidé de faire son portrait. Après la séance, elle se sentait mieux, elle m'a dit qu'elle avait l'impression d'être une star, ça m'a beaucoup touchée. »
Anne Betton se crée ensuite un site internet pour exposer son travail, ce qui pousse d'autres personnes à la contacter. Pour pouvoir se déplacer dans toute la France et répondre à ces sollicitations, la jeune femme a lancé un appel aux dons sur la plate-forme de financement participatif KissKissBankBank. « Au fil des séances, raconte-t-elle, je me suis rendu compte que beaucoup avaient une image négative d’eux-mêmes, souvent due à la prise de poids qui accompagne certains traitements. J'ai voulu les aider à se trouver beaux, mais aussi à rompre leur solitude. »
Avec la photo, elle espère donc restaurer la confiance des malades, mais également changer le regard de leur entourage et du public : « J’ai pris conscience que je menais aussi ce combat pour qu’il arrive jusqu’aux oreilles de mes parents, qui ont fait le choix de ne plus me voir. Vous avez beau tenter d’expliquer et de distinguer ce qui relève de la pathologie de ce qui relève de votre personnalité, ce n’est pas toujours évident pour les personnes en face de vous. »
Charlie Vandekerkhove
Photo: Pascal - mars 2014/Anne Betton