Hier, 300.000 infirmières, sages-femmes et autres personnels du service public hospitalier sont descendus dans les rues d’Angleterre et d’Irlande du Nord pour réclamer une hausse de salaire. Une première depuis 1982.
Le National Health service (NHS) était sens dessus dessous lundi matin : la police et l’armée étaient réquisitionnées pour conduire les ambulances, les interventions non urgentes étaient annulées… Le Samu recommandait même à la population de n’appeler qu’en cas « de crise cardiaque, d’infarctus, de traumatisme sérieux, etc. ». La cause de ce désordre ? Entre 7 et 11heures, environ 300.000 membres du personnel non-médical en Angleterre et en Irlande du Nord avaient quitté leur poste pour tenir des piquets de grève.
Les grévistes protestaient contre le refus du gouvernement conservateur de David Cameron d’accorder une hausse de salaire de 1% à l’ensemble du personnel. Il s’agissait, pourtant, d’une recommandation d’un organisme indépendant, le Pay review body. Mais, pour des raisons budgétaires, l’exécutif britannique entend réserver cette augmentation aux soignants qui ne bénéficient pas déjà d’un coup de pouce de par leur ancienneté, soit seulement un tiers du personnel.
"Le moral est au plus bas"
Depuis plusieurs années, les salaires ont été la cible d’importants efforts budgétaires de la part du gouvernement. D’après UNISON, le principal syndicat sanitaire britannique, ils sont loin d’avoir suivi l’inflation, et les agents ont perdu du pouvoir d’achat. À tel point que d’après une récente étude de ce syndicat, un membre du NHS sur cinq cumule un deuxième emploi pour joindre les deux bouts.
Christina McAnea, responsable santé d’UNISON, tirait la sonnette d’alarme dans un communiqué de presse publié la veille de la journée de grève : « À l’heure actuelle, en Grande-Bretagne, il y a des employés du NHS qui ont du mal à acheter de la nourriture, à payer leurs factures et qui en conséquence tombent dans un cycle d’endettement et de désespoir. Au sein du NHS, le moral est au plus bas ».
Suppression de postes
Mais, cela ne semble pas suffisant pour faire fléchir le gouvernement. Jeremy Hunt, secrétaire d’État à la Santé interviewé par la BBC, a prévenu : accorder à l’ensemble du personnel une hausse de salaire de 1% conduirait à supprimer 15 000 postes, dont 4.000 cette année.
Les arguments du ministre n’ont pas convaincu les grévistes. Alors que le dernier mouvement social lié aux salaires dans le NHS date de 1982, ceux-ci ont décidé de poursuivre leur action pendant toute la semaine… en ne travaillant pas pendant le temps de pause réglementaire. Avant d’envisager, s’ils n’obtiennent pas satisfaction, une nouvelle grève qui pourrait, cette fois, durer toute une journée.
Adrien Renaud
Photo: UNISON