Dans un contexte de restrictions budgétaires sans précédent, l’armée a décidé de fermer son hôpital historique, faute de projet médical crédible.
C’est une surprise : le « cœur historique » du Service de santé des armées (SSA), l’hôpital d’instruction des armées (HIA) du Val-de-Grâce, va fermer. Le médecin-général des armées Jean-Marc Debonne l’a annoncé, le 15 octobre, à ses 800 salariés, civils et militaires. Cette décision n’était, pourtant, pas inscrite dans le plan de restructuration « SSA 2020 », présenté en novembre 2013 : le Val-de-Grâce était même l’un des cinq hôpitaux militaires appelés à se recentrer sur le soutien opérationnel aux armées, tandis que les quatre autres devaient évoluer vers la vie civile. « Des rumeurs ont commencé à circuler au mois de septembre, raconte Arnaud de Cooman, délégué FO au Val-de-Grâce. Des professeurs quittent le Val-de-Grâce en expliquant qu’il n’y a plus d’avenir. »
Le SSA est en pleine restructuration, pris entre deux contraintes budgétaire : côté Défense, la loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit 4,5 milliards d’euros d’économies ; côté Santé, ce sont 10 milliards d’euros d’économies qui sont attendues d’ici 2017. Et le service doit éponger le déficit de 281 millions d’euros de ses hôpitaux militaires, épinglé par la Cour des comptes en 2010.
3000 emplois supprimés
L’une des justifications de la fermeture du Val-de-Grâce est le coût de sa rénovation, évaluée à 180 millions d’euros. Mais, surtout, aucun projet médical crédible n’est parvenu à se dessiner pour cet hôpital, selon le médecin-général des armées Jean-Marc Debonne. Le Val-de-Grâce est situé au centre de Paris, « dans un territoire de santé où l’offre est déjà excédentaire », a-t-il expliqué. Son activité est donc insuffisante, et en prime, « ne répond que très partiellement aux besoins de santé des armées ». Le choix a donc été fait de concentrer l’activité en Île-de-France sur les HIA de Percy (Clamart, 92) et de Bégin (Saint-Mandé, 94), « totalement rénovés, densifiés et insérés dans leur territoire ». Le Val-de-Grâce restera, cependant, « un pôle d’excellence réservé aux activités de recherche, de formation académique et de mémoire », a indiqué le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, et pourrait également accueillir une partie de la direction du SSA.
Que vont devenir les 800 salariés civils et militaires du Val-de-Grâce ? « La direction refuse de communiquer sur le reclassement des personnels », explique Arnaud de Cooman, de Force ouvrière. Selon lui, une partie seulement pourra être reclassée sur les sites de Percy et Bégin puisque « 3000 emplois vont être supprimés dans le Service de santé des armées. On nous laisse entendre que l’on pourrait rejoindre la fonction publique hospitalière, mais nous sommes des fonctionnaires d’État. Un accord-cadre a été signé avec l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris, mais elle aussi est en restructuration ».
Caroline Coq-Chodorge
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