Le syndicat CFE-CGC a analysé l’évolution des salaires dans le secteur de l’hospitalisation privée à but non-lucratif. D’après ses calculs, les employés relevant de la CCN 51 ont perdu 19% de pouvoir d’achat en 15 ans.
La crise affecte tout le monde, y compris les professionnels de santé. Mais il y a une différence entre les difficultés ressenties par les travailleurs et les difficultés mesurées par les chiffres. C’est pourquoi, dans le cadre des négociations salariales à la Fehap (1), la CFE-CGC a calculé l’évolution sur quinze ans des salaires dans le secteur de l’hospitalisation privée à but non-lucratif. En jeu : la rémunération de 275.000 personnes.
Les résultats ne sont pas brillants. D’après la CFE-CGC, entre 1999 et 2014, le salaire de base à la Fehap (point d’indice multiplié par le coefficient de base conventionnel) n’a augmenté que de 9%. Période durant laquelle l’Insee (2) estime que les prix ont augmenté de 28%. La perte de pouvoir d’achat pour les salariés du secteur hospitalier privé à but non lucratif serait donc de 19%.
+40% pour le Smic
La différence est frappante si l’on considère le salaire mensuel de base (SMB) de l’ensemble des salariés français, qui est, d’après les statistiques officielles, 40% plus élevé en 2014 qu’en 1999. Même hausse d’environ 40% pour le Smic sur la même période.
Contactée par Espaceinfirmier.fr, la direction de la Fehap a indiqué qu’elle n’était pas en mesure de commenter les chiffres de la CFE-CGC, car elle n’avait pas encore effectué ses propres calculs. La méthodologie utilisée par le syndicat est discutable : celui-ci compare l’évolution du salaire de base à l’inflation. Or, le salaire de base n’inclut ni les primes, ni les avantages en nature, ni les heures supplémentaires, qui comptent dans le revenu final des travailleurs et influent donc sur leur niveau de vie.
De plus en plus d’acomptes sur salaire
Il n’empêche que la perte de pouvoir d’achat -la CFE-CGC va jusqu’à parler de « paupérisation »- est confirmée par l’expérience du terrain. Anne Larinier, membre du bureau du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI CFE-CGC) explique, ainsi, qu’elle observe une augmentation des demandes d’acompte sur salaire : « C’est un signe que les gens ne s’en sortent pas », estime-t-elle.
La raison de ces difficultés ? « C’est la crise des finances publiques », explique Claude Dumur, vice-président de la fédération santé et action sociale de la CFE-CGC. Ce syndicaliste souligne que le secteur sanitaire privé à but non lucratif « vit de fonds publics » : ses financeurs sont l’État, la Sécurité sociale et les collectivités. Quand ceux-ci subissent la rigueur budgétaire, les établissements hospitaliers aussi… Et leurs salariés en font les frais !
Adrien Renaud
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1- Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne privée non lucratifs.
2- Institut national de la statistique et des études économiques.