Vaccination
Le projet de loi de santé de Marisol Touraine prévoit de confier la vaccination aux pharmaciens. L’Ordre, le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) et l'Organisation nationale des syndicats d'infirmiers libéraux (Onsil) s'insurgent contre cette mesure.
Dans son article 32, le projet de loi Santé, présenté en Conseil des ministres le 15 octobre, prévoit de confier aux pharmaciens la vaccination au sein des officines. Une mesure loin d’être du goût des représentants infirmiers. « On croit rêver », lance l’Onsil, qui reproche à la ministre « de prendre des actes aux infirmières pour calmer le courroux des pharmaciens » et « d’opposer les professions de santé entre elles ».
Élargissement de compétences
Depuis 2008, les infirmières, formées et compétentes, vaccinent sans prescription médicale préalable les personnes fragiles contre la grippe, à l’exception de la primo-vaccination. Cette mesure de santé publique a permis la vaccination de près d’un million de personnes lors de la dernière campagne, d’après la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam). «C’est vraiment un chiffre conséquent », souligne Karim Mameri, secrétaire national de l’ONI. L’instance plaide pour une reconnaissance, par les pouvoirs publics, de l’efficacité des infirmières et souhaite qu’avant de confier cet acte à d’autres professions, les autorités élargissent le droit des infirmières aux vaccinations sans prescription médicale, comme le préconise le rapport de l’Inspection générale des finances sur les professions réglementées.
Mettant en avant le maillage territorial des cabinets libéraux (57.100 cabinets contre 22.635 officines), le Sniil a proposé au ministère de la Santé d’ajuster par décret le code de la Santé publique et d’élargir le droit infirmier à vacciner comme dans d’autres pays. Sans succès.
Économies
Les représentants infirmiers s’appuient également sur un argument économique : alors que la consultation chez le médecin coûte 23 euros et que le pharmacien facturerait 10 euros, « la vaccination réalisée par une infirmière est facturée entre 4,5 euros, s’il s’agit d’une prescription médicale, et 6,3 euros s’il s’agit d’une prescription infirmière », souligne Karim Mameri.
Le constat s’impose alors, d’après le Sniil : « Non seulement le ministère de la Santé est sourd aux arguments des professionnels de santé et à ceux des spécialistes, mais aussi insensible au déficit de la Sécurité sociale, et, de plus, méprisant envers les infirmières libérales et le corps infirmier dans sa globalité. »
Laure Martin