Dressant un « triple constat de pénurie, de départs à la retraite massifs dans les prochaines années et d'un déficit d'image auprès des jeunes », la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) a profité une nouvelle fois du Salon infirmier pour appeler à une réforme de la formation.
« La santé peut être un secteur porteur en termes de création d'emplois qualifiés, pour peu qu'on fasse tomber les barrières à l'entrée », estime Lamine Gharbi, président de la FHP, dans un communiqué diffusé le 5 novembre.
La fédération, qui emploie près de 54.000 infirmières, avance plusieurs propositions « pour réduire les tensions du secteur sanitaire ». Soulignant qu'en 2012, moins de 28.000 candidats ont intégré la formation, sur un total de 31.162 places ouvertes, et que « 10% abandonnent leurs études en cours », la FHP propose de supprimer les quotas à l'entrée des formations et d'augmenter les financements des régions pour qu'elles soient en capacité de créer des places supplémentaires. Une proposition déjà formulée en 2013 à l'occasion du Salon infirmier et qui n'avait pas manqué d'interpeller la profession, touchée par le chômage.
Des Ifsi privés
Quelques mois après le boycott des stages infirmiers, la FHP demande à nouveau à ce que l'on reconnaisse la place des établissements privés dans la formation des paramédicaux, en permettant à ces derniers « d'intégrer les instances de formation, notamment les commissions pédagogiques » et en autorisant la création d'Ifsi privés.
Pour remédier au « déficit d'image important dont souffre la profession et qui conduit les jeunes à s'écarter d'un métier qu'ils jugent difficile et peu gratifiant », l'hospitalisation privée propose de « mener une communication forte et nationale sur les métiers de la santé ».
La FHP réclame, enfin, « des dispenses plus importantes de formation » pour les aides-soignantes qui souhaitent devenir infirmières. « La 1ère année de formation IDE donne l'équivalence du diplôme d'aide-soignant (DEAS). Pourquoi ne pas prévoir que le bénéficiaire du DEAS ait un accès direct à la 2ème année de formation IDE ? », relève la fédération.
« Crise professionnelle »
Des arguments qui n'ont pas fait mouche auprès des étudiants infirmiers. Bien que favorable à la suppression des quotas d'entrée en Ifsi (1), la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi) milite pour une formation universitaire. « Ce qu'on défend, c'est un accès démocratisé à l'enseignement supérieur, on ne peut pas prendre position pour une formation payante », commente Loïc Massardier, président de la Fnesi, soulignant qu'une année à l'Ifsi privé de Castelnau-le-Lez (Languedoc-Roussillon) coûte plus de 7000 euros. « Il y a une précarisation de l'insertion professionnelle. Pour autant, le métier est à flux tendu. Les hôpitaux publics embaucheraient s'ils avaient les moyens, relève-t-il. Cette crise professionnelle ne doit pas se résoudre via la formation : ni par la régulation des quotas, ni par l'argent. »
Aveline Marques
1- Lire le "Regards croisés" de L'Infirmière magazine de novembre 2014, consacré au numerus clausus.
2- Pour les salariés. Les frais de formation des demandeurs d'emploi et étudiants en poursuite de scolarité sont pris en charge par le conseil régional.