D’après les résultats d’une enquête menée par l’URPS (Union régionale des professionnels de santé) infirmiers d’Ile-de-France, 62 % des Idel se sentent menacées par l’épuisement professionnel.
Parmi les causes de ce sentiment, les répondantes ont identifié l’excès de paperasserie (87 %), des patients de plus en plus exigeants (79 %), la non reconnaissance de l’action des soignants à sa juste valeur (77 %), la difficulté à prendre en charge certains patients et situations (72 %), l’augmentation des contraintes collectives (71 %), la longueur des journées de travail (69 %), une charge de travail trop lourde, trop contraignante, trop complexe (68 %).
Vie privée parasitée
En parallèle, 75 % des professionnelles ont estimé que leur vie privée était trop parasitée par leur travail et 72 % qu’elles manquaient de temps pour leur vie personnelle. Une sur cinq songe même à changer de métier. 40 % se déclarent également pessimistes quant à leur avenir professionnel, quand seuls 28 % se déclarent optimistes.
Les Idel sont quasiment unanimes sur les mesures qu’il conviendrait de mettre en place. Elles estiment qu’il est nécessaire d’améliorer leur protection sociale et qu’il faut mieux définir la nature et les limites de la responsabilité du soignant. « Elles ont trop souvent l’impression qu’on peut leur demander n’importe quoi, a souligné Jean-Jules Morteo, président de l’URPS Infirmiers d’Ile-de-France, lors du Salon infirmier.
Une très large majorité aimerait que le syndrome d’épuisement professionnel soit reconnu comme une maladie professionnelle et souhaiterait le développement d’une prise en charge médicale et psychologique dédiée aux professionnels. Et 96 % demandent également plus d’autonomie dans leur exercice.
Un dispositif de soutien psychologique
Malgré un effectif interrogé relativement restreint (seuls 5 % des professionnelles contactées ont répondu au questionnaire envoyé par courrier), Jean-Jules Morteo se félicite qu’une telle investigation puisse permettre aux Idel d’être sensibilisées à cette thématique, qui demeure taboue en secteur libéral. « Nous travaillons tous de façon isolée, alors la détection du problème se fait plus difficilement, a-t-il ajouté. Nous espérons vivement que ces premières données permettront de définir un plan d’amélioration de nos conditions d’exercice et de faire connaître la plateforme téléphonique de l’Association d’aide aux professionnels de santé et médecins libéraux (AAPML). »
En effet, l’enquête a été menée en partenariat avec l’AAPML, qui a mis en place un dispositif d’écoute, d’accompagnement et de soutien psychologique (0826 004 580) - accessible 24/24 et 7/7 - pour les professionnels qui se sentent surmenés, en difficulté avec certains patients, démotivés ou dépassés par le quotidien.
Sandra Mignot