La Fédération de l’hospitalisation privée (FHP) a appelé les cliniques à cesser leurs activités à compter du 5 janvier prochain. À moins que le gouvernement ne retire son projet de loi de santé, accusé de menacer l’existence même du secteur privé.
« Pénurie de médecins, files d’attente allongées, urgences surchargées, délais de plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous avec un spécialiste ou pour une opération ». C’est, d’après Lamine Gharbi, président de la FHP, « ce qui attend les Français » si la loi de santé défendue par Marisol Touraine est promulguée en l’état. Pour éviter ce scénario catastrophe et pour contraindre le gouvernement à retirer son projet, ce dernier juge légitime d’employer les grands moyens. Il appelle donc l’ensemble du secteur de l’hospitalisation privée à une cessation d’activité illimitée à compter du 5 janvier prochain.
M. Gharbi n’y va pas par quatre chemins pour justifier cette stratégie d’affrontement : c’est « un texte liberticide, fondé sur un credo idéologique anti-libéral », affirme-t-il dans un communiqué diffusé le 17 novembre. À terme, c’est l’existence même du secteur privé qui serait, d’après lui, menacée. Et le président de la FHP d’en appeler à la sauvegarde de « la liberté de choisir son médecin ou son établissement ».
Grève des médecins libéraux
Les griefs de la FHP à l’encontre du projet de loi sont connus : exclusion des cliniques du service public hospitalier (et donc des financements qui l’accompagnent) sur des critères jugés « arbitraires », différences persistantes de tarifs entre les secteurs public et privé, renforcement des pouvoirs des ARS… Autant de facteurs qui trahiraient une « étatisation » du système de soins français.
Dans leur bras de fer avec le gouvernement, les cliniques privées auront-elles les reins assez solides ? Ce sont des entreprises comme les autres : si elles ferment pendant trop longtemps, leur équilibre financier peut être compromis. Mais, on ne lance pas ce genre de menace sans avoir la certitude d’être capable de les mettre à exécution, assure un porte-parole de la FHP. « C’est dire la mesure du désespoir de la profession aujourd’hui », ajoute-t-il. La FHP compte aussi sur l’union avec les autres professionnels de santé pour faire plier le gouvernement. Son mécontentement s’ajoute, en effet, à celui des médecins libéraux, qui ont déjà appelé à la fermeture des cabinets entre Noël et le jour de l’An.
Les 54.000 infirmières du secteur privé doivent-elles s’attendre à quelques journées de chômage technique en janvier ? Réponse à l’issue de cet affrontement, qui prend des airs de partie de poker.
Adrien Renaud