Ratios infirmiers
Sociétés savantes, syndicats, associations de patients... La communauté néphrologique est vent debout contre un projet de « simplification administrative » des normes applicables au traitement de l'insuffisance rénale chronique, entrepris par la DGOS. Au centre des critiques, la remise en cause des ratios infirmiers.
À la demande du ministère de la Santé, la Fédération de l'hospitalisation privée, qui accueille un patient dialysé sur trois, a proposé une modification des décrets de 2002, qui imposent aux centres de dialyse « la présence permanente en cours de séance d'au moins un infirmier ou une infirmière pour quatre patients et un aide-soignant ou une aide-soignante, ou éventuellement d'un autre infirmier ou d'une autre infirmière pour huit patients ». Le nouveau texte prévoit que le nombre d'IDE et d'AS est « adapté aux besoins de santé des patients, à la nature et au volume d'activité effectués et aux caractéristiques techniques des soins dispensés », rapportent la Société de néphrologie et la Société francophone de dialyse dans une lettre d'alerte adressée lundi dernier à la communauté néphrologique. Bien que maintenu, le ratio serait désormais « calculé sur l'année », « en moyenne et en équivalent temps plein ».
Augmentation de la charge de travail ces dix dernières années
Une idée « dangereuse » qui « autoriserait des périodes où les ratios seraient inférieurs aux besoins », notamment pendant les vacances, s'insurgent les sociétés savantes. Ces dernières craignent une dégradation de la qualité des soins, avec l'impossibilité de respecter les règles d'hygiène et les durées des séances de dialyse. « Les risques liés au traitement de l'hémodialyse n'ont pas diminué » et la charge de travail n'a pas été allégée, mettent-elles en avant. Au contraire. Le nombre plus important de patients dialysés sur cathéter a augmenté « le temps passé au branchement et au débranchement ». « Les patients vieillissent (72 ans d’âge médian des patients dialysés en 2012 alors qu’il était d’environ 65 ans en 2001), sont plus malades, plus fragiles, ont souvent des handicaps physiques importants, ce qui entraîne une augmentation du temps à leur consacrer », renchérit l'association Renaloo, qui signale que les patients dialysés, eux, « ne partent pas en vacances ».
Redonner de la « souplesse »
Dans un communiqué diffusé hier, la FHP-Dialyse s'est défendue de vouloir « remettre en cause la qualité et la sécurité des soins », mais « de redonner un peu de souplesse de fonctionnement et des marges de manœuvre aux établissements », par ailleurs soumis dans le cadre de la certification à des « exigences de qualité très élevées ». La fédération souhaite « passer d'une approche par des normes de moyens (« il faut une infirmière pour quatre patients ») à une approche par des normes de compétences (« il faut une compétence infirmière dans le service ») et laisser les établissements s'adapter à la prise en charge des patients, selon le profil de ces derniers ».
Aveline Marques
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