Des contrôles plus efficaces ou une amplification du phénomène ? En 2013, la fraude détectée par les organismes de Sécurité sociale a explosé, s’élevant à 636,1 millions d’euros (+13%), dont 18,3 sont imputables aux infirmières libérales.
Pour la sixième année consécutive, la Délégation nationale à la lutte contre la fraude a réalisé un bilan de l’ensemble des fraudes aux finances publiques. Le manque à gagner pour les comptes de la Sécu provient autant de la fraude aux cotisations et du travail illégal (308,8 millions d’euros) que de la fraude aux prestations (327,3 millions d’euros). Pour les prestations maladie, c’est 174,64 millions d’euros qui ont été remboursés ou versés indument par les caisses. Sur cette somme, 65,8 millions proviennent des établissements de santé, 81,6 millions des soins de ville et 19,7 millions des prestations en espèces, en particulier les arrêts de travail.
50 plaintes déposées contre des infirmières
En ville, les plus gros « fraudeurs » en valeur absolue sont les infirmières. La CNAMTS (1) a détecté et stoppé pour 18,3 millions de fraudes ou activités fautives dans cette profession (+1 million par rapport à 2012), la plus importante en termes d’effectifs. Parmi les actions engagées, 50 plaintes pénales ont été déposées pour un préjudice de 6,5 millions d’euros. Autrement dit, un tiers du montant de la fraude réelle provient de quelques dizaines d’infirmières libérales seulement. Par ailleurs, 263 pénalités financières ont été prononcées par les directeurs de caisses et 105 lettres d’avertissements pour des faits qui relèvent plus de l’abus ont été envoyées.
Les transporteurs sanitaires sont à l'origine de 17,6 millions d'euros de préjudice, les médecins libéraux de 6,1 millions d’euros, les chirurgiens-dentistes de 4,7 millions et les pharmaciens de 4,2 millions. Dans les établissements de santé, la Sécu a mis l’accent sur le contrôle de la tarification à l’activité (T2A) et a ainsi récupéré pour 22,9 millions d’indus et 7,1 millions de sanctions financières.
Contrôles ciblés
La CNAMTS a renforcé la lutte contre la fraude depuis une petite dizaine d’années. Elle dispose de meilleurs outils de repérage comme le « data mining », qui consiste à cibler les contrôles, notamment chez les professionnels de santé, selon des techniques statistiques très élaborées. Dans le domaine des transports sanitaires, ce contrôle ciblé s’est avéré trois plus efficace que le contrôle aléatoire. Autre facteur d’amélioration de la lutte contre la fraude : le développement des échanges d’informations entre les services de l’État et les organismes de protection sociale.
Véronique Hunsinger
1- Caisse nationale d’assurance maladie des travailleurs salariés.
Reportage à la CPAM, entretien avec une traqueuse des fraudes, point sur les contrôles… Pour aller plus loin, lire le numéro de janvier de L’Infirmière libérale magazine.