Le fait de travailler au moins trois nuits par mois pendant plus de cinq ans augmente les risques de mortalité liée aux maladies cardiovasculaires et au cancer du poumon, selon une nouvelle étude conduite auprès d'infirmières.
Parue dans l'American Journal of Preventive Medicine le 5 janvier, l'étude, menée par un collège international de chercheurs, a démontré qu'au-delà de 5 ans de travail posté incluant des nuits, les risques de mortalité sont accrus. D'après les résultats, le fait de travailler trois nuits par mois ou plus, en alternance avec des journées et des soirées, pendant plus de cinq ans, augmente la mortalité, toute cause confondues, de 11%.
La mortalité liée à des maladies cardiovasculaire augmente de 19% pour les infirmières qui ont tenu ce rythme pendant 6 à 14 ans, et de 23% pour celles qui font des nuits depuis plus de 15 ans. Une corrélation a également été établie pour le cancer du poumon. Au delà de 15 ans de nuits, le risque de mortalité pour ce type de cancer est 25% plus élevé.
Troubles du rythme circadien
« Le sommeil et le rythme circadien jouent un rôle important pour la santé, notamment pour le système cardiovasculaire et la lutte contre les tumeurs », expliquent les auteurs. Ce n'est pas la première fois qu'une étude démontre les risques associés au travail de nuit, qui a été classifié en 2007 par l'Organisation mondiale de la santé comme un agent cancérigène, en raison, précisément, des troubles du rythme circadien. Les résultats de cette enquête sont une preuve supplémentaire de la nocivité des nuits passées à travailler, surtout quand elles sont alternées avec d'autres horaires.
75.000 infirmières américaines auscultées
L'étude a concerné 75.000 infirmières américaines, toutes des femmes, qui participent à la recherche au long cours « Nurses' Health Study » (soit « étude sur la santé des IDE »). En 1976, une cohorte de 121.000 infirmières, âgées de 30 à 55 ans, a été constituée. Leur état de santé est vérifié tous les deux ans par des questionnaires.
« C'est une des plus larges études prospectives de cohorte au monde, avec un suivi au long cours et une proportion importante de travailleuses de nuit, souligne le Pr. Eva Schernhammer, membre du collège de chercheurs. Le fait que l'on étudie un seul métier implique une plus grande validité des résultats, par rapport aux études qui mixent plusieurs activités. »
Lisette Gries