Un dispositif de suivi téléphonique infirmier à domicile pendant la chimiothérapie a été instauré début 2013 au sein du centre de lutte contre le cancer toulousain Claudius-Regaud. Les résultats de l’évaluation, publiés dans le dernier numéro du Bulletin Infirmier du Cancer, s'avèrent très positifs.
« À l’heure où les traitements en ambulatoire sont de plus en plus nombreux, ce dispositif s’est imposé de lui-même, d’autant qu’un autre, similaire (1), était déjà en place depuis près de 8 ans dans les services d’hématologie du CHU de Toulouse », souligne Frédéric Despiau, le cadre de santé en charge de CoACh, acronyme de « coordination assistance chimiothérapie ». Améliorer la prise en charge des patients « complexes », sécuriser celle des effets secondaires en les dépistant et les traitant, et améliorer l'interface ville/hôpital sont les trois objectifs poursuivis.
Une grande connaissances des protocoles
Une consultation d'adhésion est proposée en amont du dispositif. Puis des rendez-vous téléphoniques sont fixés à chaque étape clé du traitement (2), au cours desquels l'infirmière CoACh effectue un recueil de données (poids, évaluation de l'autonomie) et évalue les besoins fondamentaux, ainsi que les effets secondaires, par ailleurs gradés. Cette dernière coordonne aussi la prise en charge avec les professionnels de ville. Si les infirmières coordinatrices expertes du dispositif n’ont pas suivi de formation spécifique préalable, elles ont toutes « au moins 5 ans d'ancienneté en oncologie médicale », cette nouvelle activité infirmière nécessitant « une grande connaissance des protocoles de chimio », précise Frédéric Despiau.
Large satisfaction des patientes
En 2013, toutes les patientes (soit 336) prises en charge à l'hôpital de jour pour un cancer du sein en chimiothérapie adjuvante ont bénéficié de ce dispositif, qui a totalisé 2 771 RDV téléphoniques et 527 appels entrants, émanant pour la plupart de ces dernières. Les résultats des questionnaires de satisfaction remplis à l'issue de la prise en charge sont globalement très satisfaisants tant en qui concerne la consultation d’adhésion (clarté des informations, possibilité de poser toutes les questions souhaitées…), le rythme (un par semaine), l’organisation et la qualité des RDV téléphoniques, que pour ce qui relève de l’orientation vers les soins de support. Les résultats sont plus pondérés s’agissant des l'adaptation des réponses aux besoins ou du lien avec le médecin généraliste (15% de non-satisfaits).
3 ETP dédiés
Les quelques bémols pointés, comme la question de la disponibilité hors heures ouvrables ou le fait de ne pas avoir toujours la même IDE CoACh référente, ont, depuis, été corrigés : désormais, hors heures ouvrables, les patientes peuvent joindre un interne de garde et/ou un oncologue d'astreinte via le standard de l'Institut universitaire du cancer de Toulouse, et les 3 IDE (ETP) dédiées à l’activité (3) « ont chacune, selon leur spécialisation, un "lot" de patientes ». Un plus aussi pour les infirmières « dans leur suivi sur le long terme », ajoute le cadre de santé.
Projet retenu au PHRIP 2014
À noter : l’impact de ce dispositif sur la modification de la prise en charge des patients dans le cadre d’un traitement par chimiothérapie, sur leur qualité de vie et l’analyse médico-économique fera l’objet d’une évaluation plus fine via une étude pilote conduite dans le cadre du PHRIP 2014.
Danielle Julié
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1- Dispositif AMA, "Assistance des malades ambulatoires".
2- Le 1er appel concerne les effets secondaires immédiats, le 2e porte sur le risque de neutropénie fébrile, et le dernier permet d'effectuer une synthèse de l'intercure et d'anticiper la prescription du cycle suivant.
3- 5 IDE mais 1 seul ETP en 2013.