Le Syndicat national des infirmières et infirmiers libéraux (Sniil) dénonce la « politique stérile du tout-médecin », qu’il pointe via la récente étude "Intégration d’infirmiers au sein de cabinets de médecine générale", menée par l’Observatoire régional de santé (ORS) des Pays-de-la-Loire (1).
À la question « Admettons qu’une loi de réforme offre la possibilité de rattacher une infirmière à votre cabinet pour quelques permanences dans la semaine. Celle-ci serait rémunérée par un forfait de l’assurance maladie. Seriez-vous disposé à lui déléguer une ou plusieurs tâches ?», 82 % des généralistes interrogés se déclarent favorables; 76 % considèrent que l’intervention d’une IDE apporterait un supplément de qualité des soins au patient, 73 % que cela permettrait d’améliorer le contenu de leur consultation.
Quant à savoir quels actes pourraient être délégués, les médecins plébiscitent la surveillance de la tension artérielle, l’éducation thérapeutique du patient diabétique ou asthmatique, l’éducation nutritionnelle, les tests de diagnostic rapide réalisés en cabinet et l’accompagnement lors de l’arrêt du tabac.
Une méconnaissance de la profession
Au-delà des résultats, c’est la méthode qui dérange le Sniil. « C’est à des médecins que l’on demande de se prononcer sur l’avenir de la profession infirmière, pointe un communiqué diffusé le 22 janvier. Cette étude illustre parfaitement l’attitude des institutions : un mépris récurrent et une forte méconnaissance de la profession infirmière.» Provocateur, le syndicat appelle les pouvoirs publics à aller au bout de leur logique et « placer officiellement sous tutelle les infirmières libérales ».
Les résultats de l’étude "Conditions d'exercice et activité des infirmiers libéraux des Pays de la Loire", menée en 2013 par l’ORS auprès de 320 Idel de la région, croisent en partie ceux de l’étude menée auprès des généralistes. On y apprend que la coordination interprofessionnelle avec les prescripteurs d’actes est régulière. Pour le dernier patient vu, 59 % des Idel ont des échanges avec le généraliste.
Une nécessaire clarification
L’ORS reconnaît : « Doit-on parler de coopération, de coordination, de collaboration, de délégation ou de transfert de tâches ? (…) L’importance des débats actuels autour des coopérations interprofessionnelles nécessiterait de clarifier le sens de ces concepts. » Et modère : « les infirmiers choisissent de s’installer en libéral pour disposer d’un statut de travailleur indépendant et ne souhaitent pas forcément intégrer un cabinet médical dans lequel ils se retrouvent sous la responsabilité d’un médecin. Autant de dimensions qui restent à explorer avec les professionnels concernés. »
Carole Tymen