29/01/2015

L’alcoolémie avant la chirurgie

Une proposition de loi vise à soumettre les infirmières, médecins anesthésistes et chirurgiens à un test avant l'entrée au bloc opératoire.

En plein mouvement de grogne du milieu médical, la proposition de loi déposée le 21 janvier par Lucien Degauchy ne passe pas inaperçue. Et pour cause : ce député UMP entend imposer un contrôle d’alcoolémie aux anesthésistes, infirmières et chirurgiens avant l'entrée au bloc opératoire. Une mesure dictée par le drame de la maternité d'Orthez : au mois de septembre, alors qu'une femme enceinte était morte à l'issue d'une césarienne, l'anesthésiste impliquée avait admis avoir bu « de la vodka, pour ne pas trembler ».

Accès interdit

"Les impératifs de sécurité impliquent pour les membres de l’équipe médicale d’être totalement aptes à accomplir leur tâche et le comportement ébrieux d’un seul d’entre eux est totalement inadmissible, empêchant de plus la cohésion opérationnelle, car les autres membres de l’équipe médicale sont totalement démunis face à un tel comportement", souligne le texte, qui doit passer par la commission des finances avant d'être examiné par l'Assemblée. Il prévoit d'interdire l'accès au bloc en cas de test positif. Et pour financer le tout, Lucien Degauchy appelle à la création d'une taxe additionnelle.

Dans un communiqué publié le 24 janvier, l'union syndicale Le Bloc s'insurge contre une proposition apportant « une mauvaise réponse à un vrai drame » et s'interroge sur le cas d'Orthez : « Pourquoi une maternité à faible activité peine-t-elle à recruter des praticiens stables géographiquement mais aussi psychologiquement et ne tient-elle pas compte de leurs antécédents ? »

« Travailler sur les risques psychosociaux »

De son côté, Brigitte Ludwig, présidente de l’Union nationale des associations d’Ibode (Unaibode), juge cette mesure « ni applicable, ni cohérente ». « Bien sûr, il faut protéger les patients. Mais il faudrait plutôt travailler sur les risques psychosociaux et les conditions de travail au bloc opératoire. Cette mesure ne ferait que heurter les personnels soignants, alors que les cadres de santé sont à même de déceler des comportement déviants dans leurs équipes », estime la présidente.

La question de la consommation d'alcool des professionnels du bloc se pose pourtant. D'après la seule étude française sur le sujet, réalisée en 2002, l'alcool est la principale addiction chez les médecins anesthésistes. Près de 3500 praticiens avaient été interrogés à l'époque, et 6,5% avaient déclaré avoir un problème avec l'alcool.

Charlie Vandekerkhove
Photo: ©Fotolia/Frédéric Massard

Les dernières réactions

  • 04/02/2015 à 19:04
    Aquila64
    alerter
    Sans oublier l'utilisations des drogues, des amphétamines, antidépresseurs sédatif..... Vitamine C, gurosan, RedBull

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